Aux temps jadis, il y eut tout d’abord LA geste qui fleurait bon les exploits médiévaux.
Le terme était féminin et le garant du souffle de l’épopée (de chiffons, de cire, de son… au choix !).
De nos jours, le rouleau compresseur du masculin est passé aussi sur ce mot.
Notre époque – surtout celle de ces derniers mois – est certes restée « épique », mais pour d’autres raisons.
LE geste s’est fait pluriel. Il est devenu LES gestes.« Gestes barrières » essentiellement.
En effet, finis les « gestes déplacés » puisque l’on ne peut plus vraiment se déplacer !
Les « frontières » que l’on a cherché à abolir, au moins au niveau européen, sont aujourd’hui revenues au plus près de nous et de ce qui nous entoure. Quelle belle trouvaille que ces « gestes barrières » qui sonnent comme des « vade retro ! » et appellent à une défiance généralisée envers autrui !
Pour ma part, je pencherais de préférence pour le « geste-clôture ».
Le « geste-clôture », qu’est-ce donc ? C’est très simple. Il suffit d’avoir des voisins.
Là, évidemment, celles et ceux qui vivent au milieu d’un parc de 20 hectares seront défavorisé(e)s.
Bref, vous vous approchez de votre limite de propriété avec une bouteille à la main, vous suggérez à vos voisins d’aller chercher des verres (vous aurez pris soin d’emporter les vôtres), et vous jetez un sort à cette bouteille ! Chacun(e) de part et d’autre de votre muret, grillage, etc… Et vous papotez ensemble autour de cette convivialité retrouvée qui fera que vous resterez des humains.
Adoptez le geste qui sauve de la pétoche ambiante, optez pour le « geste-clôture » !
Tonton Albert (8 mai 2020)
Merci à tous et toutes pour vos commentaires, et aussi vos témoignages. Décidément, le voisinage demeure une thématique sacrément propice à l’étude anthropologique, un champ d’exploration sans cesse renouvelé. Scientifiques et sociologues de toute obédience, au lieu de casser les pieds aux derniers Papous, occupez-vous plutôt de ce matériau humain incroyable incarné par le Voisinus Vulgaris !
Finalement tu nous suggère un retour loin en arrière, au temps où c’était un vrai plaisir de « faire le mur », une transgression des limites étroites du cercle de l’école ou de la caserne pour ceux qui ont eu la chance de connaitre cette belle époque !
J’ai la chance d’être entouré de murs très sympathiques, et puis de l’étage, je peux échanger avec mes voisins, les impressions, quelques balivernes , les nouvelles … Pour les nouvelles, je dois dire que c’était un peu confus sauf le décompte quotidien des morts !
Vendredi, nous sommes enfin sortis tous les deux pour une vraie balade sur les chemins du bord de Marne.
Entre midi et 2 h … Tiens ! … Histoire de ne pas rencontrer de monde, le sentier est souvent étroit ! Est-ce qu’on va devenir con ?
On se demande …
Et voilà que tous les accès aux berges étaient fermés. Des fois que les reclus des cités auraient tout d’un coup envie d’air et d’espace !
On a quand même trouvé une entrée, on est entrés, on a rencontré 2 pêcheurs (c’était interdit, yen a qui ont vraiment rien compris ! ) et un héron ! Pourquoi les hérons ont-ils le droit, eux ? Hein ?
Au bout d’une demi heure de marche on a rencontré les flics qui barraient le chemin !
Les masque autour du cou ! Gonflés non ?
Ils nous ont fait rebrousser chemin, mesure « didactique » ! Ouf on l’a échappé belle pour cette fois !
Sur le sentier du retour, on s’est mis a rencontrer plein de gens ! C’était trop sympa ! Un vrai balai de la défiance avec regards en chien de faïence et souffle court ! Bien sûr, ils étaient là, ils avaient fini de bouffer ! Et puis vendredi après midi ! Télétravail ou quoi, on a tout de même droit encore aux RTT !
On leur a quand même dit que les flics étaient au bout mais ils s’en foutaient !
Quelle mentalité je vous jure, alors que l’économie de la France est à plat !
Nous ? Quoi nous ? on est retraités, nous, ou sur le point de l’être alors c’est pas pareil !
J’ai même pas pu voir un martin pêcheur avec tout ce monde !
Un petit morceau de bravoure du Tonton. C’est très drôle 😄
En ce qui me concerne, mes plus proches voisins sont à plusieurs kilomètres, et je ne bois que du café (chaud). Ça effrite un peu la convivialité, mais bon. J’aime les gens, mais j’aime la solitude. Et vice-versa.
Jolis jeux de mots, Voisin de loin.
Avec mes voisins de près, nous n’avons pas joint le geste et le partage de la dive bouteille à la parole, ce qui, du reste, ne m’a pas du tout manqué. Il faut reconnaître qu’il y a voisin et voisin.
Mais au delà du geste, c’était bien plus le manque cruel de contact par le toucher qui faisait barrière pour un grand nombre de confinés.
De la distanciation sociale ou comment emprisonner chaque être dans sa bulle de solitude…
Attention avec un A…
Barrière avec un B…
Clôture avec un C…
Dément, avec un D parce qu’on avance pas à pas vers la camisole !!
Ensuite pourquoi pas E comme évasion…
F comme… Fichez-nous la paix !
Etc… 😉
Oui, c’est joliment dit… et encore, les adultes se débrouillent, mais que penser et que dire du sort réservé aux enfants ?
Parqués comme des pestiférés ?
Assis sur des croix jaunes sans autorisation de bouger un cil !
Installés à la récré dans un carré, pour jouer tout seuls !!
Quel enseignement !!!
Excellent…
Notes de lecture:
1. Les gestes « déplacés » étaient déjà mal vus du temps de @metoo et @nous toutes – et heureusement :-)));
2. Les frontières ni les barrières n’ont jamais vraiment disparu – elles se sont juste « déplacé » un peu plus loin…à force de pousser encore un peu, ça fera le tour de la Terre puisqu’elle est (presque) ronde! Je sais que la mondialisation a mauvaise presse par les temps qui courent…j’ai vu quelque part « mondialité », ça m’a plu;
d’où l’on voit donc que le « déplacement » a une place importante dans notre économie, sociale comme psychique; pour l’instant on a 100 km, c’est déjà ça…
Attendons voir…
P.S. Aux heures pâles de la nuit je préfère dormir, et j’ai besoin de soleil pour ma vitamine D :-))) !
Les clôtures se sont ouvertes aujourd’hui, les barrières non !
C’est bien joli !
Bon, ça laisse un peu sur le bord de la (dé)route ceux qui n’ont qu’un balcon, et au bord de la (dé)pression ceux qui n’en ont même pas un, mais dans l’absolu je plussoie.
Dans convivialité comme dans confinement, il y a le même vocable : ça se voit donc que tu ne connais pas mes voisins. D’autant que le temps ne fait rien à l’affaire (et 2 mois, c’est long …. !!)
Chouette texte….
No limites!
Hu hu hu Cachounette ^^
« Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles
A certaines heures pâles de la nuit
Près d´une machine à sous, avec des problèmes d´hommes simplement
Des problèmes de mélancolie
Alors, on boit un verre, en regardant loin derrière la glace du comptoir
Et l´on se dit qu´il est bien tard… »
Ferré.
Hé ! Monsieur Albert… Encore un pt’tit, vite fait… Pour la route !
(Enfin, pour le couloir…)