
J’ai des trous d’mémoire Des trous d’mémoire
À croire que c’est un fait exprès
Qu’on perd la mémoire Perd la mémoire…
À mesure qu’on est plus près…
Près de quoi déjà ? Je n’me rappelle pas …
Comment ? Ni quand ? Ni où ? Pourquoi ?
On perd la cadence,
On n’sait plus la danse
C’est comme un coup d’froid
Un grand coup d’vent… Un grand coup d’dent… Un grand coup d’effroi…
J’ai des trous d’mémoire Des trous d’mémoire
Je n’me rappelle pas bien
Cette drôle d’histoire Drôle d’histoire
Ça me semble très loin
Loin de quoi déjà ? Je n’m’en souviens pas
Comment ? Ni quand ? Ni où ? Pourquoi ?
Oubliée l’enfance
C’est vraiment pas d’chance
C’est comme un coup d’froid
Un grand coup d’vent… Un grand coup d’dent… Un grand coup d’effroi…
J’ai des trous d’mémoire Des trous d’mémoire
On aurait dû m’prévenir
Qu’au fond d’la baignoire Y’a un grand trou noir
Où coule mon av’nir…
Vers où ça déjà ? Ça je ne sais pas
Comment ? Ni quand ? Ni où ? Pourquoi ?
Juste le silence
D’une lourde absence
C’est comme un coup d’froid
Un grand coup d’vent… Un grand coup d’dent… Un grand coup d’effroi…
J’ai des trous d’mémoire Des trous d’mémoire
On aurait dû me dire
Qu’au fond du couloir, Derrière le miroir
y’a le temps qui se tire
Et dans les armoires
Au fond des tiroirs
Comment ? Ni quand ? Ni où ? Pourquoi ?
Les rêves, le passé,
Tout s’est effacé
Dans un grand coup d’vent
Un grand coup d’mâchoire
C’est la fin d’l’histoire
J’ai perdu mon temps…
GIBBON
Tu racontes bien ce glissement progressif vers le néant. Et ce visage d’albâtre est puissant.
La tristesse et l’humour…noir? Noir et blanc est une belle couleur…
Humour ? Involontaire alors ;0))
Noir, bien sûr… Au fond du couloir.
J’ai deux amis qui ont été atteints par l’ Alzheimer… Encore jeune, qui « heureusement » se sont rapidement éteints…
Comme je l’ai dit, le temps est une de mes obsessions, il ne passe pas… c’est nous qui passons sur son fil…
Il peut se rompre à tout moment ainsi que la mémoire…
C’est très beau, mais c’est triste.
Je suis sûr que cet idiot de Castor aurait plutôt fait une chanson avec des mineurs de fond qui ont des trous de nez noirs.
Heureusement il ne sait pas chanter, ouf.
Qu’est-ce que je voulais te dire déjà ?
Rhôôô ! Quelle galère !!!
Je suis tombé dans un trou de mémoire !
Ah oui : BIENVENUE AU CLUB !
On ne nous dit pas tout ! C’est la vie qui nous fait découvrir et recouvrir. Poème qui pourrait être mélancolique s’il ne signifiait qu’on a beaucoup vu, beaucoup aimé.
Ta tête d’albâtre, seule sur son muret minéral, illustre bien cet abandon de la vie.
J’aurais bien aimé la voir de face aussi…
Merci, je n’avais que deux petits morceaux d’albâtre peu épais je n’ai donc sculpté qu’un 3/4 face ….
(L’autre j’ai fait une petite tête de femme dans le même format de face uniquement… à suivre)
Des instants de lucidité pourtant… Juste le temps de se rendre compte de l’oubli, de la perte, de l’effacement.
Très bel écrit, Gilbert, et la tristesse n’enlève rien à Sa beauté.
Oui, dans les bas-fonds du Grand Oubli, il doit sans doute faire bien froid, bien sombre, bien peur. Pourtant, parfois, sans crier gare, une étincelle, une lueur …
Mais sitôt allumée déjà repartie : le temps s’est encore perdu.
Encore une très belle chanson. Tu peins la vie avec des mots …
Réaliste, sombre, triste… Vécu hélas par personne interposée pour pas mal d’entre nous, en espérant ne pas être un jour à la même place. Mais non, ils n’ont pas perdu leur temps ceux dont la mémoire s’efface, nous sommes leurs témoins.
Tu es en pleine effervescence créatrice ces temps ci.