
Il était une fois, une fois n’est pas coutume,
Dans un pays de brume à la purée de pois,
Un royaume d’aveugles où les borgnes étaient rois… bis
En cet endroit, le temps avait tant d’importance,
Que les gens de céans le tenaient au secret ;
Prudence est comme on sait mère de sûreté… bis
La vie était réglée sur du papier musique,
Mais de musique, point, qui adoucit les mœurs.
Autres temps autres mœurs, pour le plaisir néant ! bis
Ainsi chaque sujet se levait de “bonheur”,
Travaillait de bon cœur au rythme des cadences,
Sans élever le ton car le silence est d’or… bis
Leur cécité notoire et ci-dessus citée
Nécessitait qu’ils nichent en des cités-dortoirs,
Afin de vivre heureux ces gens vivaient cachés… bis
Un temps pour chaque chose, chaque chose en son temps
Tel était le mot d’ordre et dans l’ordre des choses
Chacun avait sa place en fonction des valeurs… bis
Chacun savait aussi en effet et pour cause
Qu’il était interdit d’en changer avant l’heure
Et de perdre son temps ailleurs qu’au jeu des “ lois ”… bis
A chaque fin de mois, les rois comptaient le temps,
Décrétaient de concert à qui voulait entendre
Que tout viendrait à point à qui saurait attendre… bis
Et les gens aux guichets de la banque du temps
Venaient faire l’appoint au point de non-retour,
Pour échanger leur temps gagné contre du vent… bis
Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes,
Pourquoi a-t-il fallu, je vous demande un peu !
Que leurs enfants découvrent qu’ils avaient deux yeux… bis
Il était une fois ventrebleu ! Quelle histoire…
N’allez surtout pas croire que je l’aie inventée.
Au royaume d’antan j’ai perdu la mémoire,
La vue des choses laides et la notion du temps.
GIBBON
C’est du cousu main ! Quel beau texte ! Les mots s’entrechoquent et se répondent, renvoient la balle comme des boules de billard. J’aime beaucoup
De l’aphorisme qui euphorise. Super ♥
C’est donc en ces temps-là qu’on a inventé ces proverbes et dictons ! Quelle verve pour les raconter !
Merci à tous !
Je fais du Gibbon ainsi que l’a souligné dame Cachou … C’est tout.
Le temps, c’est de l’argent, paraît-il. Et toi, tu nous inventes la « Banque du Temps ».
Un bien beau texte, tout en petites touches qui font mouche.
Un peu Brassens, un peu Béart, un peu Perret, mais surtout du grand Gibbon !! Mazette, quel texte ! +++++++
Il faudrait en effet, « au temps » que faire se peut, se souvenir des belles choses et les transmettre aux enfants, en espérant qu’ils gardent le plus longtemps possible les yeux ouverts … Mais ça, c’est pas gagné.
J’ai d’abord écouté, ensuite j’ai (re)lu le text. Ça sonne un peu le Brassen d’antan. J’aime bcp rimes et vieilles expressions qui viennent à point nommé nous chatouiller les oreilles.
Une photo fantomatique pour des paroles vieilles comme… le meilleur des mondes peut-être.
Un bel ensemble !
La photo est très belle aussi…heureusement, le brouillard finit tôt ou tard par se disperser…
C’est beau ,c’est juste, c’est triste…bravo et merci!
Question: peut-on retrouver la mémoire, le discernement et la notion du temps? Essayons au moins…car sinon, que faire?
La mémoire et le temps…
Ma prochaine publication en clin d’œil pour toi …
Je viens de découvrir ton texte qui est taillé à la perfection comme une pièce d’orfèvrerie. Un triste conte d’hier et d’aujourd’hui pour un éternel recommencement. Et comme est judicieuse cette idée d’incérer des dictons, ces idées communes. M Gibbon, expert en maîtres mots pour des mètres de maux.
Je le dégusterai avec la musique plus tard…
Mon cher Gilbert, bravo pour ton texte virtuose. Je m’aperçois avec plaisir que tu n’as pas perdu ton inspiration et que les muses sont toujours tes compagnes.
Amitiés
j’admire tout autant le conte que les mots pour l’écrire.
Et la virtuosité des rimes placés aléatoirement dans le vers.
je suis sur que tu en as fait une chanson mais j’aime le lire en m’attardant en chemin.