<= Vers le cinquième épisode

Sixième épisode

— Mais non idiote !

C’est sorti tout seul. Elle :

— Si, je le vois bien. Et puis, ce n’est pas beau ce que tu fais. C’est mes mots. Ce n’était pas méchant. C’est pas beau d’être méchant.

Difficile de la contredire. L’ironie de ma réplique, reprenant ce qu’elle m’avait dit quelques heures plus tôt n’avait rien de drôle. Et la rapidité avec laquelle je l’avais sortie y ajoutait de la violence.

Elle s’est assise à côté de moi. J’espérais que le silence parle pour moi.

—  Alors comme ça, tu t’appelles Vincent. « Bonjour Simone ! Moi, c’est Vincent », a-t-elle ajouté en prenant une voix enfantine.

Puis elle a posé ses doigts sur le manche de la guitare pour en faire sonner les cordes.

— Tu me joueras quelque chose ? Mais pas maintenant. Maintenant, il faut qu’on redescende.

 

Dans le salon, les adultes s’étaient mis à l’aise. Mais pas encore tout à fait.

— Ah, tout le monde est là, on peut trinquer, lança mon père. Vincent, sers-toi quelque chose, qu’on trinque.

Nous nous sommes assis côte à côte par terre. Mon père finissait de servir tout le monde.

— Roger ! pas autant ! Tu m’as encore trop servie !

— Mais non. Regarde Solange, c’est la même dose.

— C’est bien ce que je dis, c’est beaucoup trop !

— Laisse donc, Claudine. Solange n’a rien contre un petit coup de trop.

Serge, le père de Simone, de loin le plus avancé dans la familiarité tutoyait déjà tout le monde. Solange, qui ne contesta pas le petit coup de trop, fit les gros yeux à son mari avec un mouvement appuyé vers les enfants que nous étions.

Après le toast, chacun savourait son breuvage et hochait la tête avec gourmandise.

— Alors les jeunes, vous avez fait connaissance ? demanda mon père.

— Ils ont commencé sur la plage. Avec un aller-retour au ponton.

— Vous avez fait la course ? Qui a gagné ?

— Match nul, répondit Simone.

— Elle n’a pas l’air comme ça, mais Simone est très sportive, dit sa mère.

— Vincent ne fait pas assez de sport, répondit ma mère.

— Je fais de la plongée…

— Oui, en vacances, mais sinon…

— Ils ont quand même fait match nul ! Et il joue de la guitare, ajouta fièrement mon père.

— Il va m’apprendre ! annonça Simone.

— Ça, c’est une excellente nouvelle, dit son père. J’aimerais bien entendre chanter plus souvent que se plaindre à la maison.

C’était évidemment destiné à provoquer un tollé de la part des femmes, d’autant que mon père salua en riant la boutade.

La nouvelle en elle-même ne surprenait personne. Sauf moi. Ce n’était pas ce qui était convenu. Une fois de plus, Simone me prenait de vitesse et j’avais encore une longueur de retard. Et elle courait toujours plus vite.

Les parents se lançaient dans la comparaison des avantages de la pratique d’un instrument ou d’un sport, sur les films qui sortent au cinéma et les examens à l’école, dans une discussion confuse où nous n’étions pas conviés.

— On va faire un tour dehors ?

— D’accord.

Simone vidait rapidement son verre de Coca, j’étais déjà debout.

— Bon, on va faire un tour dehors.

Mon annonce à la cantonade n’a provoqué aucune réaction.

Tant mieux. Je reprenais les choses en main et je n’avais besoin de la caution de personne.

 

 

 

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