Deuxième scénario à partir des mêmes photos …
Sur ce coup-là, il n’avait pas pris trop de risques : le patron est un ami, il lui avait réservé la meilleure table et la soirée sera, il le sait, sans mauvaise surprise.
Enfin … au moins de ce côté-là !
Il l’observe du coin de l’oeil pendant qu’elle est en train d’étudier avec beaucoup d’attention la carte des plats.
C’est vrai qu’il ne l’imaginait pas vraiment comme ça. Elle fait « son âge », comme on dit. Et puis, bon, c’est quoi cette coiffure ? ça existe encore, les bigoudis ?! Elle porte une sorte de robe informe, aux ramages entrelacés, qui sont censés, suppose-t-il, masquer son embonpoint. Ce qui, en plus d’être moche, rate totalement son effet. Mais sous la cascade de boucles courtes, un visage rond, aux pommettes hautes, aux fossettes appuyées héberge de fines ridules qui finalement l’embellissent …
Se savait-elle observée ? Brutalement elle lève son nez de la carte et le regarde droit dans les yeux.
Bêtement, il se sent rougir. C’est tout juste s’il n’a pas sursauté !
En retour, et sans avoir l’air d’avoir remarqué sa réaction, elle lui sourit. Avec une infinie tendresse, et quelque chose qui relève même de la bienveillance. « Décidément, sans mes lunettes, je n’y vois rien ! » s’esclaffe-t-elle avant de plonger sous la table à la recherche de son sac.
La soirée part mal. Il le sent.
Il ne sait pas quoi dire, il a envie de fuir, de quitter cette confrontation au réel à laquelle il n’était peut-être pas prêt. Il regarde sans le voir le couchant sur le fleuve, il cherche l’attitude à adopter, les mots à prononcer, les fils à retisser.
« ah voilà ! je vais enfin savoir quoi manger !! tu as déjà choisi ? »
« euh .. oui, oui … »
Il a failli ajouter « prenez votre temps ».
Trois petits mots superflus ravalés in extremis, qui, comme une gifle, auraient parlé de la distance, de son âge à elle, de son embarras à lui …
A son tour, elle s’adosse confortablement et contemple le spectacle du fleuve : « c’est bizarre de se retrouver, là, tous les deux, n’est-ce pas ? », ajoute-t-elle sans le regarder. « c’est la première fois que je franchis le pas, toi aussi ? »
« oui, moi aussi … »
« dis, tu te souviens, comme on était sérieux au début ? comme on se disait des grands « vous » ? je peux bien te l’avouer aujourd’hui : tu m’intimidais vachement !! j’aime ce que tu fais, tu es doué, tu sais ? et puis au final, pour arriver à quoi ? tu te souviens la fois où on avait été tous les deux pourrir de commentaires le site de Castor ? la soirée qu’on avait passée … de vrais gamins ! »
Elle se tourne vers lui, elle rit. Et tout d’un coup, il la « re »connait, cette complice retrouvée soir après soir, chacun tapi dans son antre, derrière son écran, avec cette infinie succession de petits riens et de connivences qui avait créé cette chose unique, incongrue, presque absurde : une amitié virtuelle !
Certes, il découvre aujourd’hui sa voix, son visage, son sourire, son regard, mais c’est bien elle ! Elle, cette malicieuse si cultivée qu’il avait l’impression de connaître depuis déjà de nombreuses années.
La soirée sera bonne. Maintenant, il en est sûr. Il est heureux d’être là ….
Et puis, franchement : « Tartopommes« , ça lui va super bien !!
Si quelqu’un veut prendre la suite … Ou inventer autre chose … Ou pas !
Une autre facette de la situation, excellente écriture. Bravo Cachou.
365 commentaires idiots que vous avez laissés sous mon malheureux texte ! Je n’ai pas oublié non plus, faites-moi confiance. Vous mériteriez que je le reposte.
Oh oui ! oh oui !!!! … T’es cap ? …
Au contraire, que chuis cap ! Il ferait beau voir, que je sois pas cap !
Une page d’ANTHOLOGIE ….
Note que celle de la Légende avec le papier peint à fleurs de Colo n’était pas mal non plus !!! (mais celle-là est définitivement perdue).
Haha ! Qu’est-ce qu’on a pu le chambrer ! Il était vraiment de bonne composition, cet homme.
HAHAHA ! Le sommeil du Castor va avoir un goût de miel ! Merci mon Risson♥. Et merci à Colo sans qui tout ceci n’aurait aucun sens.
Voyons voyons, qui a bien pu aller pourrir de commentaires le site de Castor ? Ce n’était pas le genre de Castor, de permettre ça hein ?
Hein ?! Hoûû je vais aller voir ça, moi !
Ayé, j’ai compris, je viens de lire le texte, hu hu hu !
Ah ! Ben attend ! Laisse moi respirer, je viens juste de donner une suite au premier épisode ! Je vais encore passer une nuit blanche à trouver le ton et les mots !
T’es pas obligé, mais si c’est de la même veine que pour le premier épisode, alors je piaffe d’impatience !!!
Sur ce coup là……………………….
A son tour elle s’adosse confortablement et contemple le fleuve.
Puis elle se tourne vers lui, le fixe de ses petits yeux perquisiteurs et lui demande avec un sourire ironique : « Alors, heureux de connaitre enfin votre future belle mère ? Vous verrez au cours de ce tête à tête que vous avez bien voulu accepter, que je suis pire que la mégère décrite par ma chère et tendre fille… A votre santé, mon gendre ! »
Oui, bon, je sais, c’est cliché et tout ça :-))
Hé hé !! Non moi je trouve qu’il y a de l’idée ! En tous cas, une idée que je n’aurais pas eue, et je le regrette : il y avait du « potentiel » à vacheries là dessous 😉
🙂
Merci Yves, d’avoir essayé (et réussi !) à faire le lien entre mes 2 petites histoires. Et je m’aperçois du coup que mon propos n’était pas clair du tout !! Cette 2ème narration n’était pas du tout le point de vue du monsieur, mais une toute autre situation, que j’ai ajoutée avec l’espoir que, peut-être, elle inspirait un peu plus que la 1ère pour une suite potentielle !!
Question de vécu, en somme …
Qu’est-ce que j’ai bien fait de mettre ma belle robe et mes beaux escarpins ! Je me sens godiche à souhait ! Après tout, dans le contrat, rien ne stipule que je doive être chicôsse ! Il me veut, puisqu’il est là. Et s’il me veut, il me prend comme je suis. Et là, j’ai juste envie d’être godiche. Non mais !