L’homme des bois, devenu l’homme des rivières à ses heures depuis qu’il est en vacances perpétuelles, s’adonne à son « sport » favori : la pêche aux carnassiers : sandres, brochets, black bass, tous aussi savoureux les uns que les autres – pourvu qu’on apprécie le poisson – nappés d’une petite sauce à l’oseille fraîchement cueillie et crème ou d’un plus classique beurre blanc.
Bref ! Le pêcheur pêche et, sur les bords du cours d’eau, obsédé par son bouchon qui frétille, ou pas , ne voit pas au-delà, c’est à dire qu’il oublie qu’on ne peut tout manger d’un seul coup d’un seul…
D’aucun diront que c’est barbare, cruel presque, mais bon…

Donc ce samedi-là, qui bien malencontreusement s’est avéré être un « black friday » mouvementé (décidément je n’ai pas de chance lorsque je vais à Duçon!), nous voilà partis quérir un combiné congélateur-réfrigérateur de taille moyenne, au coût moyen, et de couleur blanche pour pouvoir conserver les bestioles, que l’on sera heureux de trouver lorsque la pêche sera fermée, ainsi que tout ce qu’on peut se procurer hors des circuits commerciaux normaux à la campagne. La grange est grande, aucun problème pour l’y placer.

Nous trouvons un appareil qui convenait en taille et en contenance, vendu à la va-vite (black friday oblige) par un vendeur pâlot et déprimé (black friday oblige aussi). On l’emporte derechef, on l’installe dans le coin approprié de la grange, on attend 24 heures avant de le brancher, puis on attend qu’il soit à la température idéale des – 18°C pour le gaver des morceaux choisis déjà congelés dans un vieux truc qui turbine à – 30°C.

Quelques heures après je constate que la température du nouvel appareil est remontée à – 8°C, très insuffisante pour la conservation par le froid. Je recase donc tout dans le vieux bahut et surveille la courbe de température de l’appareil tout neuf mais néanmoins malade puisque je constate qu’elle oscille au gré des heures.

Merd’alors ! Ce congélo ne fait pas de froid froid comme il le faudrait !
J’appelle donc le SAV.
On me demande où j’ai installé l’appareil.
Dans la grange.
Dans la grange ? Elle est chauffée votre grange ?
Ah ben non ! C’est une grange quoi !
Bon ben alors c’est normal que ça ne fonctionne pas , à cause de la classe climatique de l’appareil : il doit être placé dans un endroit chauffé à + 16°C au moins.
 ?… Pourtant à la campagne, presque tout le monde place ce type d’engin dans le garage ou la grange…
Et le gars du SAV fini par me dire que ce n’est pas de son ressort : l’appareil n’est pas en panne et après un « voyez avec le vendeur » me raccroche au nez…

Ah ? Depuis toute petite j’entendais pourtant dire qu’il valait mieux installer un appareil faisant du froid dans un lieu frais ; ça turbine moins, ça consomme moins…
Toutes mes certitudes – du moins dans ce domaine – s’écroulent d’un coup…
Désorientée, je m’attaque alors au bouquin explicatif en anglais, chinois, russe, arabe, grec,… toutes les langues et tous les alphabets y passent (le livret est épais comme une bible), ah ! voilà le français… Donc oui, on parle de classes climatiques, chacune nommée par une suite de lettres plus ou moins longue, sans plus d’explication.
On me précise aussi qu’il ne faut pas oublier de mettre le chauffage – si, si, c’est écrit – quand je pars en vacances l’hiver, sinon mon congélo ne marchera pas…
Je commence à marcher sur la tête !

Je fais appel au savoir facile et universel de wiki pour en savoir davantage sur ces fameuses classes climatiques, et j’apprends qu’effectivement les appareils électro ménager de ce type ne fonctionnent pas en dessous de + 16°C ; et j’y trouve une explication – on en fera ce qu’on veut ! –  : les fabricants considérant que désormais les maisons sont parfaitement isolées et chauffées ne fabriquent plus que des appareils qui fonctionnent au chaud, c’est plus compliqué, quitte à les faire turbiner à fond pour avoir du froid ! Très écolo tout ça, hein ?

J’apprends aussi par d’autres biais que dans ces logements si bien isolés, le moteur du congélo produit de la chaleur et a donc également la fonction de participer à chauffer la pièce – ce qui dans l’absolu est vrai, ça réchauffe un tantinet l’atmosphère – mais de là à considérer le congélo comme un moyen de chauffage d’appoint, je m’interroge.

Une fois au parfum de ces nouveautés qui me semblent pour le moins curieuses j’appelle le vendeur qui m’écoute et me conseille savamment de placer mon congélo ailleurs. Il a un peu de mal à entendre qu’il est impossible de placer l’engin dans la maison : d’abord parce qu’il n’y a pas de place mais aussi et surtout parce qu’il faudrait que je mette le congélo au milieu du salon, devant le poêle, le reste de la maison étant en temps hivernal souvent à une température inférieure à 16 °C.

Après âpre discussion, je retourne néanmoins « là-bas » où avec force sourires ravageurs j’obtiens la reprise sans décote, mais sans remboursement non plus, rien que des avoirs.

Oui mais ?
Une question me turlupine depuis cette mésaventure  : combien de congélateurs faut-il que j’achète, que je placerai judicieusement dans la maison, pour qu’elle soit chauffée à plus de 16°C et du coup pouvoir me débarrasser du poêle et, simultanément, de la corvée de bois., et avoir des congélos qui feront du congelé puisqu’ils seront dorlotés à bonne température…
Et je pourrai partir en vacances l’hiver sans m’inquiéter du bon fonctionnement des appareils… et du hors gel de la maison ?
Vraiment, ça me turlupine…

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