
Après la pullulation des mouches, place à l’invasion des souris. Rien ne nous sera épargné ces temps-ci, on est dans une année à casse-couilles. Plague dans le coin, je ne parle même pas de la brutale irruption d’une espèce de rat-taupe dans la mare politicum et dans nos chers médias. Vous l’aurez compris, j’ai employé « plague » à dessein : je précise parce que j’ai pas envie de passer pour un castor qui ne sait même pas écrire « blague ». Bref. Depuis quelques jours, je suis très occupé à reconduire ces petites merdeuses à la frontière avant qu’elles dévorent mes milliers de bouquins-z-et-BD, ou qu’elles fassent leur nid (ou pire) dedans. Pas que je les aime pas, hein, mais c’est pas toonville chez moi. Et puis s’il leur prenait la lubie (oui oui, un rongeur, ça ronge) de bouloter les câbles de mes ordinateurs ou ceux de ma gratte électro-acoustique, on pourrait bien rejouer le « Ravage » de Barjavel à domicile.
Pour capturer ces demoiselles – on dit bien UNE souris, n’est-ce pas ? – sans leur faire de mal, parce que ce n’est pas le but, une seule solution : les trappes. On ne trouve plus de trappinettes à souris chez Brico, je me suis donc rabattu sur les trappounettes à rats, trois fois plus grandes, et finalement, ça marche bien : contrairement à ce que je craignais, l’espacement du grillage ne leur permet pas de s’évader. En outre, la plus grande distance entre le sandwich et la porte leur évite le pincement de queue ou de patte, fréquent avec les plus petits pièges.
C’est ainsi que le castor devint trappeur.
Alors, l’appât : le fromage, on oublie, elles n’en ont rien à carrer. Y a que Jerry et Mitsou pour risquer leur peau pour un bout de gruyère. Et arrêtez de ricaner, j’ai essayé TOUS les fromages de nos belles régions, y compris des qui valent la peau du cul : et ben elles n’en veulent pas, ces morues. Le seul truc qui les fasse accourir, c’est un simple morceau de pain, même dur. Du coup, elles passent devant le coin de bricheton empalé dans la cage, et elles se disent : « ah, tiens, une boulangerie ouverte, allons quérir notre baguette, ma mie ! ». Elles entrent, goûtent un peu, histoire de vérifier si on ne leur vend pas de la daube, et BLAM ! Le portillon leur claque au derche. Certaines ne se laissent pas démonter pour si peu, et font ce pour quoi elles sont venues : elles bouffent, et continuent de le faire même quand je suis là. D’autres, moins warriors, pissent de peur et se terrent dans un angle en attendant la mort. Moi je suis plus xylophage que rongeur hein, mais j’ai tout de même des affinités avec ces petits mollusques. Alors je leur parle pour les rassurer, je leur explique que je ne les mangerai pas, du moins pas sans boire, et elles sont très attentives, elles comprennent un peu le français, apparemment. Je les prends en photo pour l’anthropométrie, la postérité, et le besoin irrépressible de faire le con sur les rézos socios. Le flash ne les fait même pas ciller, elles sont extraordinaires.
Dernière étape : l’exil. On prépare à la prisonnière en instance de libération un petit baluchon de graines de tournesol et de pain, et hop ! En voiture, Simone. Deux ou trois kilomètres me paraissent suffisamment distants à l’échelle de ses petites papattes pour ne plus que je revoie ses moustaches pointer à mon huis avant quelques décennies. Mon bilan carbone en prend un coup, je sais, mais c’est temporaire, enfin j’espère. Quelquefois l’exfiltration se fait à 22-23 heures sur un chemin de terre, dans le noir, le froid et l’humidité, et mon cœur se serre en les voyant s’enfuir par petits bonds gracieux vers un destin qui prendra fin, peut-être, au gré de l’appétit d’une chouette ou d’un épervier en maraude au petit matin.
Bilan de l’opération : une demi-douzaine d’intrusettes raccompagnées une à une dans leur milieu naturel, qu’elles n’auraient jamais dû quitter. Au final, elles m’auront coûté cher en essence, celles-là. Et en pain. Ne parlons pas de l’achat des trappi-pounettes, des graines Pipas pour leur sortie d’incarcération, du temps perdu pour faire d’autres choses plus intéressantes que piéger des petites bêtes… Mais le positif, c’est que leurs tribulations gastronomiques vont faire marrer mes amies et peut-être même mes amis (ils sont plus austères, ceux-là). Un sourire, c’est inestimable, par les vieux temps pourris qui courent.


J’ai envoyé la petite chérie rejoindre la précédente délinquante à deux kilomètres de là, avec un pécule de sandwichs et de graines de tournesol. Je lui souhaite une réinsertion paisible, par exemple en squattant la maison d’un ophtalmo, ce qui lui éviterait d’attendre six mois pour un rendez-vous.

– J’avoue, j’ai grignoté et dévasté absolument tout dans le cellier, compissé ce qui me résistait, et j’ai éhontément posé ma pêche à moult reprises au milieu de ce terrible bordel ! Mais je ne le ferai plus !
– Tu as parfaitement raison, petite vermine montée sur roulettes : tu ne le feras jamais plus ! GNIARK GNIARK GNIARK (rire caverneux).

Par contre, réussite totale pour le raid sur la crème fraîche : il n’en reste plus rien que des décombres fumants.

Bravo cher Castor !
Je savais que tu étais particulièrement doué en dessin, mais ton récit avec tes souris est drôlement vrai et bien écrit.
Quel humour, douceur, gentillesse et efficacité
Tu m’as fait revivre tous les moments que j’ai pu passer avec les miennes.
Sauf que moi, pas fière , j’appelais le voisin pour qu’il m’en débarrasse…
J’avais pris moi aussi des photos dans ma petite cave , de mes réserves,
des bouteilles de lait percées et comme c’était l’été ( dernier) le lait répandu par terre, avait caillé, et ce sol en terre battue puait !!!!
Moi aussi, j’en ai trouvé une noyée dans la cuvette des WC pour ne pas dire chiottes du grenier !!!
Eh! Oui ! Il y a des chiottes dans le grenier mais plus de chasse d’eau !
Vive les toilettes sèches!!!!!!
Oui, prendre ta voiture pour les raccompagner !
( Et là, je vois le moment où les soigneurs relâchent un fauve qu’ils ont sauvé et élevé )
C’est du mérite !mais c’est coûteux !
Ne pourrais tu pas te confectionner un vélo cargo s’il y a une prochaine fois ! Mais chut ! Elles pourraient nous entendre et en redemander.
Bref!
J’ai archi beaucoup aimé ton texte et je t’embrasse.
La souriE
Merci, chère souriE !
Tes bestioles à toi sont des cochonnes et des gaspilleuses, les miennes n’ont pas laissé la moindre goutte de lait ou de crème traîner par terre !
Et pis la souris qui me fera pédaler n’est pas encore née ^^
Bises, mon amie ♥
Ces petites bêtes sont craquantes et ta façon de raconter tes aventures avec elles m’a réjouie ! Difficile de leur reprocher de vivre à nos dépens quand nous vivons aux leurs… L’emprisonnement temporaire et la déportation (oh le vilain mot !), c’est sans aucun doute un moindre mal quand la cohabitation est impossible, et j’avoue, par pure phobie, que je pratique la même peine avec les araignées qui n’occasionnent pourtant aucun dégât chez moi… la honte, hein !
Pas de honte hein, les araignées, c’est spécial, il faut aimer ^^. Mais elles sont vraiment inoffensives. Mes souris, je m’en serais bien passé par contre, elles ont un potentiel de destruction peu commun.
Les lucioles, ça va, elles sont les bienvenues !
Comment ? Je n’avais rien dit ici ??
J’avoue avoir peu d’état d’âme en ce qui concerne ces bestioles… J’ai utilisé des tapettes et des chats. Bon faut pas les regarder de trop près, elles sont tellement craquantes ! La bise, mon Castor.
Bisous ma Mêo ♥ 😘
Sinon, Castor, on prend un tandem, je reste devant à pédaler, et tu tiens les p’tites bêtes à l’arrière ! Si tu vois que je faiblis, tu me montres un museau poilu, je t’assure que nous irons plus vite que ton engin motorisé !
Ah, le tandem ! J’ai le souvenir, avec mon ex-femme, de crises de rire et de gadins mémorables sur cet engin diabolique. Et la place à l’arrière, c’est d’accord, j’aime pas trop pédaler ^^.
Pour la vitesse, je me contenterai de suggérer à la souris de te mordiller les fesses quand le rythme faiblira. Mais une symbiose à trois, quoi !
J’allais également te proposer le vélo … Raté !
Pff, le vélo… Quand j’étais ado, mon père m’avait offert le sien pour aller au lycée, un superbe engin au profil de compétition qu’il avait monté entièrement lui-même, avec des freins à tambours, guidon en cornes de mouflon, etc. Ce truc pesait UNE TONNE. Quand j’arrivais en classe, je n’avais qu’une envie : m’enrouler dans ma couverture et m’endormir en suçant mon pouce.
Le Castor est bien gentil !
Chez moi c’est la tapette (modèle performant…) Je n’ai pas le choix…
En plein Paris, à part les relâcher chez un voisin où dans un parc !
Un truc qui les attire, outre le pain, le beurre de cacahouète !!!
Le beurre de cacahouète ça doit repeindre les murs quand le truc claque ^^
Dans les trappes, on peut pas planter cette pâte sur la pique à appâts, ces petites morues devront se contenter du quignon de pain.
Je ne connaissais par la recette de la souris-au-lait, préparée à la verticale.
Sinon, c’est bien d’acheter bio, pour la planète, mais transporter les mulots en bagnole à 2 kms c’est pas cool. T’as pas un vélo ?
Tu es vraiment plein d’attention pour ces bestioles ravageuses. Entre rongeurs vous vous comprîtres.
Hello Sergent ! Un vélo ?! Mais quelle horreur ! Le seul vélo autorisé à poser ses roues chez moi a un moteur de 85 cv, et comme chacun sait, les souris ne supportent pas les accélérations 4G. Et puis faire 2 kilomètres à pied toutes les cinq minutes avec ma trappounette garnie sous le bras, hein… Les autochtones auraient vite fait de m’envoyer les infirmiers baraqués de la maison Crackpot !

Tes souris, ce sont de petits mulots ! C’est pas moins ravageur… Ils ont même des goûts de luxe : dans la cabane du jardin, un malotru a bouffé mes gants de jardinage en cuir ! Décortiqués en menus morceaux, sans doute pour se fabriquer un nid plus douillet ? GRRR
Je l’ai chassé sans lui faire de mal mais je crois qu’il a eu la peur de sa vie… jamais plus revu !!
Absolument, Anne, ce sont des mulots, je l’avais signalé dans les commentaires du post Facebook : https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1315049892249909&id=100012347329222&comment_id=1315089632245935¬if_id=1638249681136344¬if_t=feedback_reaction_generic&ref=notif
J’ai utilisé le terme générique « souris » parce que c’est plus marrant, et pour le jeu de mots du titre !
Ah que l’humour fait du bien…sauf quand on est soi-même une souris…Si on se décentre un peu, on ne les déporterait pas!
Mais comment faire?
Je suis d’accord pour le Nobel de la paix entre humains et animaux…mais comme on le voit, ce Nobel-là de la paix (ne serait-ce que entre humains…) est si peu efficace, hélas…
Autres suggestions?
Merci, Irina ! ♥

En fait, pour la déportation, il n’y a pas trop de soucis à se faire, ces mulots sont habilités à creuser et à vivre dans des terriers. Tiens, je te montre comment ils ont squatté nos plantes d’intérieur :
Il devrait y avoir un Nobel de la paix entre les espèces humaines et animales. Je suis prêt à défendre bec et ongles ta candidature, Brigitte Bardot peut aller se rhabiller.
En attendant, après tes amitiés avec les araignée et tes déjeuners – conférence avec ton pic épeiche tu nous offre là encore un morceau choisi plein d’humour et de tendresse ravigotant dans le climat médiatique actuel ! Ca fait du bien !
Merci pour le Nobel, Antoine, et que Brigitte aille se rhabiller, c’est ce qu’elle a de mieux à faire aujourd’hui. Sinon, il est possible que le pic épeiche fasse un détour par l’Espricerie. Certaines très jolies araignées aussi, d’ailleurs, je sais que Cachou adore.
Méthode moins onéreuse, moins fatigante, au bilan carbone quasi nul (et ainsi même pas besoin d’aller acheter des croquettes). Certes plus barbare ! Je préfère néanmoins que la gent féline s’attaque aux souris qu’aux oiseaux et malgré tout, quand je peux, je sauve la bestiole des griffes sauvages et sûres…
Tu veux un chaton mon castor ? J’en ai quelques magnifiques prêts à donner.
Un chaton, ma Cécile ?! M’enfin ! Tu veux la mort de mes souricettes ?
Jolie photo ♥
Elles ont bien de la chance tes petites bestioles importunes : voyage et resto gratos après un séjour au chaud agréable, quoique clandestin.
Et en plus tu écris sur elles, de façon bien tendre finalement, et tu nous les présentes de manière fort drôle. Attendrais-tu qu’elles reviennent pour écrire un nouveau chapitre ?
Elles ne reviendront probablement pas, à moins que cet excellent pain aux céréales embaume jusqu’à deux kilomètres de la maison. Mais j’ai d’autres bêbêtes en réserve, notamment un pic épeiche que Claude, Marie et Antoine ont déjà vu. Je pensais que c’était un article mineur et anodin, mais apparemment pas mal de personnes s’y sont intéressé, et donc il est possible que ce pic fasse un détour par ici ^^
Aaaah ! Une aventure du Castor ! Quelle délectitude, quelle régalation !!!!
D’autant que les petites souris dans la maison, c’est un bonheur que je connais bien. Mais pas besoin de trappi-bidule, c’est ma minette qui me les amène. Vivantes … Sans doute pour que je joue ?
Elle paraît d’ailleurs toujours très satisfaite de son présent quand elle me regarde sans broncher m’agiter à 4 pattes pour récupérer tant bien que mal les effrontées -au demeurant surtout terrorisées (et ça gueule une souris terrorisée, bon sang ce que ça gueule !!)-. Minette pense sûrement que j’amuse très bien.
Je n’ai pas ton courage, je balance les intruses dans le jardin. Et sans pain ! Non mais !! Mais je suis quasi sûre qu’il y en a certaines que j’ai attrapées plusieurs fois, vu comment elles finissent par se laisser faire.
Minette doit néanmoins estimer que je me fais vieille, elle me les dépose de plus en plus souvent dans la baignoire, … sûrement pour que ce soit plus facile pour moi 🙁
Mais quelle adorable petite vermine 😍 ! Pourquoi j’en ai pas, moi, des jolies filles comme ça ?
La minette de ma mère nous ramenait bien des souris-cadeaux, mais en petits morceaux pour qu’on ait moins de mal à mâcher. En outre, elle faisait l’effort de les apporter en colis-express jusque dans notre lit. Elle était très attentionnée.
On te pardonne ton bilan carbone largement compensé par la magie de ce conte de Noël ! 😍
C’est vrai que les petites souris, c’est magique, malgré tout. Celle que j’ai dessinée en haut est une vedette du dessin animé Cendrillon.
Salut à toi, grand ami des bestioles de tous poils, plumes ou carapaces ! C’est généreux de raccompagner ces petites effrontées au loin avec un panier pique-nique de luxe ! J’espère qu’elles ne vont pas retrouver ta maison avec une petite boussole pour y prendre leurs quartiers d’hiver !
Celles qui sont déjà passées par chez moi sont fichées, j’ai leurs données anthropométriques. Si l’une d’elles se repointe, je fais un barbecue avec (un petit barbecue, mais bon) 😈
😱 Elles ont intérêt à aller chez les voisins du coup… 😅
Pas sûr !
Je te dois un éclat de rire matinal. Ça n’en fait jamais que 379042578 depuis le wizzz.
P.s : je peux payer en plusieurs fois ?
Ma Boudune, tu ne me dois rien, la rigolade matutinale c’est gratos.
Après, si tu insistes, tu peux me faire trois chèques, oui, merci.
Nan, mais je vais aller me payer en allant lire une de tes grandes hontes, je viens de voir ça sur ton mur. J’adore ces textes d’auto-dérision, ce sont toujours de grands moments de jubilation ♥
Quel bonheur de te lire dés le réveil cher Castor alors que mes yeux encore emplis de sommeil voudraient prolonger l’état comateux qui évite de voir la dure réalité en face .
Et voici qu’un grand coup de tonus m’arrive pour la journée !!!
Les aventures de tes squatteuses sont émouvantes , passionnantes et dignes d’un téléfilm pour chaîne câblée . Je constate d’après photos que tu ne leur donnes pas du pain ordinaire : tu les soignes tes cousines éloignées (très éloignées ?). Ton amour de la bonne chaire et ton grand cœur te perdront mon Castor préféré . Bises.
En effet, Miss Percy, c’est du vrai painpain aux céréales qui embaumait toute la maison. Autant faire les choses bien !
Je suis ravi que mes petites bêtes aient illuminé ta matinée ♥
Bisouus :-*