Hugues (et ses fantastiques gorilles) était notre invité de novembre.
Comme nous l’avions donc déjà « rencontré », je me suis tournée vers Lionel pour réaliser l’interview …

Honnêtement, devant le Silent Poet, je me demandais si, justement, il ne valait mieux pas rester silencieuse.
Mais en même temps, je reconnais que je suis aussi un peu curieuse …
Nous connaissons déjà (un peu) Hugues. Alors, Lionel, qui êtes-vous ?

Un amateur d’histoires en tout genre. Et qui a vu dans le Silent Poet, l’opportunité de rendre hommage aux artistes qui l’ont construit (Otto Messmer, Ub Iwerks, Fred, Chaplin, Buster Keaten, Windsor Mc Cay, …) tout en devenant le nouveau Walt Disney.

La vie dans sa grande miséricorde ou dans un élan de cruauté raffinée a su me ramener à de plus modestes ambitions.

Comment ça a fonctionné, votre duo ? L’un au dessin, l’autre au scénario ?
Façon travail studieux et brainstorming à heure fixe ? ou d’une manière plus dispersée ?

L’écriture d’un « Livre pour le Silent Poet » a relevé d’un perpétuel jeu de ping-pong entre les désirs graphiques du sieur Amblard et les velléités d’un personnage fictif de plus en plus incarné. Avec votre serviteur faisant office de juge de touche. Et parfois, il faut bien l’avouer, quelques grains de sable venant perturber une (trop ?) magnifique osmose.
Par exemple, la scène des sept nains devait être beaucoup plus courte. Mais la découverte des personnages m’a amené à réécrire la moitié du récit afin de leur donner une place digne de leur caractérisation graphique. 

Sauf grossière erreur de ma part, cet album n’a malheureusement jamais été publié …

« Le parcours éditorial » du Silent Poet a été pour le moins chaotique. Dans un premier temps, le Silent Poet a nourrit l’actualité du défunt site www.Kingpolarbear.com. Et, s’est révélé être l’une des premières BD numériques. Puis, il a ravi les lecteurs du site de financement participatif www.mymajorCompagny.com.
Et là, dans une logique digne de Kafka, l’incroyable engouement des lecteurs a été inversement proportionnel à l’indifférence des éditeurs.
Ce qui a provoqué le grand sommeil dans lequel notre héros se trouve plongé depuis.
Nul n’est décidément prophète en son pays.

Alors, heuseusement qu’on est venu le réveiller !

Mais d’où vient-il donc, ce petit personnage ?
Sans mains, sans pieds, sans paroles,  il est à la fois in-fini et totalement abouti !

Les amateurs et historiens de la BD se perdent encore aujourd’hui, en conjectures diverses et variées sur l’origine du Silent Poet. Pour certains, sa naissance résulte, bel et bien, des affres créatifs d’Hugues Amblard et de Lionel Garcia. Pour d’autres, l’aspect kawaï du personnage induirait une ascendance japonaise. Et toujours d’après ces personnes, forcément bien intentionnées, un esprit éclairé aurait tout à gagner à se pencher sur l’incident qui survint sur la voie du Shinkansen dans la nuit du ….. [CENSURE]

D’autres personnes, plus discrètes celles-ci (pourquoi ?) affirment que le Silent Poet est né une certaine nuit de la fête des morts au Mexique. En définitive, le Silent Poet semble être un mystère enveloppé dans une énigme. Ou l’inverse. Pourvu que cela dure !! J

Dans le Livre du Silent Poet, le diable veut à tout prix récupérer un gros ouvrage sur l’astrologie, qui à la fin sera finalement jeté.
Alors, cet ouvrage, c’est quoi ? La connaissance, l’évasion, une parcelle de pouvoir ? Un peu tout cela ou juste le sens que chaque lecteur souhaite y projeter ?

Tout cela à la fois et plus prosaïquement, le moyen pour un modeste écrivaillon – passionné par les MacGuffin d’Hitchcock – de faire avancer son histoire.

Quelle est votre « morale » de toutes ces histoires ?

Créer, c’est partager. Partager une émotion, une histoire, … Et s’enrichir du plaisir donné au lecteur.

La toute dernière image du Livre annonce « to be continued ». …. Et … ??!

Et … dans une réalité alternative, le Silent Poet voyage sur la lune, se retrouve dans la peau d’un crapaud et finit par découvrir l’amour et la mort.

Mais pour peu, qu’un éditeur lui témoigne de l’intérêt, il se pourrait bien que l’on découvre, à l’image de Mark Twain que l’annonce de sa mort ait été quelque peu exagérée.