Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile…
pour l’oiseau
placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger…
Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi mettre de longues années
avant de se décider.
Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée
de l’oiseau n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau.
Quand l’oiseau arrive,
s’il arrive,
observer le plus profond silence,
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré,
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un tous les barreaux
en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau.
Faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter.
Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe,
signe que le tableau est mauvais
mais s’il chante c’est bon signe,
signe que vous pouvez signer.
Alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
Jacques Prévert
Devant la tombe d’Aragon et d’Elsa Triolet
Mais quand on n’est pas poète et qu’on n’a qu’un appareil photo pour faire le portrait d’un oiseau, il reste juste la patience, ou la chance, … ou un bon zoom (!)
Et quand on n’a rien de tout ça, il suffit d’un peu d’imagination …
Des images magnifiques de nos porte-plumes, je veux dire de nos potes à plumes, j’adore ♥
Merci pour cette belle galerie de portraits, tu es une portraitiste douée 🙂 !
J’ai un réel coup de coeur pour les tiopotos hérissés de mouettes et ces bancs d’oiseaux, aigrettes, hérons et canards…
Je voulais dire : « perruches »
Sinon, le héron de brindilles … C’est finement observé.
Chouette ! (J’adore les oiseaux de nuit) … par contre, les péruches qui colonisent tous les espaces verts …;0))
Et les pigeons qui, en ville, sont des sortes de rats volants…
Par contre je n’ai rien contre les chauves-souris ;0))
Belles photos en tous cas.
Belle collection de piafs, même sans zoom !
Je me demande comment tu as pu approcher ton héron en branches sans l’effaroucher ! Hier du côté de la Marne j’ai eu un face à face prudent à moins de 10 m avec l’un de ses congénères qui était sur la berge de l’étang. Il m’a examiné attentivement avant de prendre le large.
Il y a quelques passereaux dont j’aimerais connaître le nom, il va falloir que je fasse une recherche !
Et puis j’aime bien la plume légère, attentive et appliquée de Prévert
Ou les œuvres créatives d’une confinée… qui compte sur les oiseaux pour vivre la liberté par procuration ! Belles images, merci !
Tout ça est magnifique, surtout les photos – merci pour les photos!
Car pour le poème, il commence bien mais il finit mal, hélas… Prévert nous recommande d’arracher !!! la plume pour s’en servir pour signer sa propre création…et même si c’est « tout doucement » : quel sadisme, et quelle manipulation, et quelle perversion narcissique; que n-a-t-il imaginé attendre encore un peu plus (puisqu’il prétend savoir attendre…) que la plume tombe d’elle-même, que donc l’oiseau lui-même lui offre sa plume…mais non, ce n’est qu’un poète, donc un prédateur?
Le portrait d’un oiseau, ou plutôt de toute une galerie variée et parfois très colorée ! Pas toujours faciles à choper avec un objectif ces piafs, ça demande de la patience, Prévert a fait un autre choix en capturant l’oiseau… avec sa plume d’écrivain, faute d’avoir un ordinateur.
En matière de photos d’oiseaux, l’on peut affirmer que tu persistes et cygne.
Et au moins en photo, à l’inverse de la pratique de la musique en amateur, l’on ne fait point de canard.
Sympa aussi, ce rappel du poème de Prévert.