Chapitre Trois
Un enregistrement
— Tu peux nous repasser l’enregistrement ?
— Comment ça s’est passé ?
— En gros comme d’habitude. Sauf que j’étais tout seul et que c’était plus… intime.
— Intime ! Wooh !
— Oui, enfin… Je veux dire que derrière ses effets de style, il était plus humain. Je crois qu’il a pris un coup sur son amour-propre au dernier Conseil et que ça l’a attendri en quelque sorte.
— Le Président ?
— Pire, ses bras. Bon, on y va ?
— On y va !
Les doigts agiles de Lefrère effleurent les touches du clavier, l’écran affiche et ferme ses fenêtres ; un court instant d’attente et une nouvelle fenêtre s’ouvre sur un logiciel de traitement audio.
Une dernière frappe nerveuse sur la touche d’accès et…
« Salut Youri. – Salut Khaled, les nouvelles sont bonnes. Le temps … nous, … joue … nous. – … j’ai vu les… dérivent… … ici …guerre … »
— Tu peux faire mieux ?
— Pas vraiment. Tu sais d’où ça vient ?
— D’où ça vient ?
— De Calista. C’est déjà bien qu’on ait capté. Le dialogue dure en tout 43 secondes. Je n’ai distingué qu’une douzaine de mots et presque autant d’infos intéressantes.
— La première est le nom de ces 2 zigs, Yared et Couly…
— Youri et Khaled ! Ça fait 2 infos.
— La troisième, c’est qu’ils sont séparés par une distance telle qu’ils ne peuvent dialoguer ni en hurlant, ni par gestes, ni par signaux de fumée.
— Exact. Quatrième info.
— Repasse-nous encore le dialogue.
— Inutile, je le connais par cœur depuis le temps que je l’écoute. Ils parlent de « bonnes nouvelles »…
— Cinquième.
— … du « temps qui joue pour eux », ou quelque chose comme ça…
— Sixième.
— Après, ça se complique. Youri ou Khaled a vu quelque chose qui dérive. Et on entend qu’il parle de guerre.
— Septième et huitième info…
Toutes ces données objectives ne constituent même pas un puzzle tant il manque des pièces. La donnée primordiale, essentielle, tonitruante, c’est le dernier mot audible : guerre. Si on n’arrive pas à le placer dans un contexte de badinage, c’est toute l’attention du Conseil qui va se focaliser là-dessus ; et même si on arrive à prouver que c’était pour rire, le même Conseil aura la même réaction. La guerre, c’est l’affaire du Conseil et de personne d’autre.
— La guerre contre qui ? Il n’y a qu’une colonie sur Calista et depuis si peu qu’ils ne peuvent pas en être déjà à se faire la guerre.
— S’il n’y a qu’une seule colonie, en effet…
— Et ce bruit de fond ? Des parasites ?
— Non, ça ressemble à un bruit blanc, sans sa signature spectrale. Avec des sons sourds, deux fois. Comme des explosions très puissantes mais très éloignées des 2 zigs.
Un bruit blanc sur Calista. C’est la neuvième info, la dernière mais pas des moindres.
Hum…
C’est bizarre, au début de l’enregistrement, Yuri annonce de bonnes nouvelles et à la fin,il parle de guerre…
Il ne se contredirait pas un peu, le garçon ?
Pour le moins inquiétant !
J’aime bien les deux zigs, Youred et Kali.
Bruits de guerre, blancs ou pas, ça reste inquiétant. Et on a le temps de s’inquiéter s’il nous faut quarante deux épisodes avant d’y voir plus clair ! ^_^
Moi, je pense qu’ils sont partis sur une mauvaise piste avec leur histoire de guerre !
En vrai, Youri dit à Khaled: « Ici y a guère d’eau de vie de poire ».
Du coup, normal, l’ambiance n’y est pas, c’est tout.
Mais je suis quand même curieux de savoir ce que le bras droit et le bras gauche vont bien pouvoir embrasser dans tout ça !
Patience Marie-Cécile, on commence à y voir clair au chapitre quarante-deux.
Je suis, je suis, et ce bruit blanc sur Calista m’inquiète… les bruits blancs n’augurent jamais rien de bon.
Un clavier, une guerre, mais bon sang mais c’est bien sûr, c’est la guerre des boutons ! Non, c’est pas ça ?
Intrigante, cette histoire ….
Ça m’emmêle encore plus que les Niveaux N1 et N2…
J’attends donc de savoir où tu vas 🙂