C’est l’avant dernier jour. J’ai reçu des fichiers sur mon portable dont un élément CLEF ! La copie d’un document qui me permettra de vérifier l’écriture du poète en cas de doute. Les autres feuillets ci dessous attestent qu’il à eu déjà au moins deux ventes pour le même manuscrit : Selon mes « employeurs » Ils sont faux ! On me conseille aussi de me dépêcher de dénicher l’original … Le « vrai ».
Mais j’ai décidé de ne pas me presser…
Je ne suis pas pressé. Pressé pour quoi ?
La lune et le soleil ne sont pas pressés : ils sont exacts.
Être pressé, c’est croire que l’on passe devant ses jambes
Ou bien qu’en s’élançant on passe par-dessus son ombre.
Non, je ne suis pas pressé.
Si je tends le bras, j’arrive exactement là où mon bras arrive.
Pas même un centimètre de plus.
Je touche là où je touche, non là où je pense.
Je ne peux m’asseoir que là où je suis.
Et cela fait rire comme toutes les vérités absolument véritables,
Mais ce qui fait rire pour de bon c’est que nous autres nous pensons toujours à autre chose
Et sommes en vadrouille loin d’un corps. F.P.
Donc, j’ai pris mon temps. je suis reparti, tranquillement, à pied… Passant d’abord devant le palais présidentiel, puis revenant vers les quais, j’ai salué au passage l’icône du Fado. Ensuite, je suis attardé sous le pont du « 25 AVRIL » dans le vacarme des trains et des voitures qui le franchissent en permanence… Enfin, plus loin, me posant une dernière fois sur un banc face au fleuve, je me suis senti heureux… Respirant le bonheur d’être vivant en ces lieux. Une bonne tranche de bonheur au gout de pastéis de mata. un bonheur de laisser-aller. Le bonheur d’apprécier une solitude, choisie, grisée de vent et de soleil…
Lorsque dans la soirée je suis arrivé à l’appartement, un petit mot glissé sous la porte à fait vaciller d’un coup mon humeur légère : « N’oubliez pas, dernier délai demain ! ». Ça m’a flanqué le cafard… Pourtant, j’ai ma petite idée, je sais où trouver le manuscrit.
Ce n’est pas encore la nuit, Pourtant le ciel est déjà froid
L’inerte coup de fouet du vent Assaille l’ennui que je sens.
Combien de victoires perdues Pour n’avoir pas été voulues!
Et de vies perdues, ah, combien!
Et le rêve dépourvu d’être…
Soulève-toi, ô vent, des solitudes
De la nuit qui paraît! l est un silence sans terme
Par-derrière ce qui frémit…
Lamento des rêves futiles,
Que la mémoire a éveillé.
Inutiles, si inutiles —
Ah, qui me dira qui je suis? F.P.
Pessoa, le roi de l’hétéronyme. C’est bien de le croiser et de marcher dans tes pas. Belles images, et beaux lieux, aussi. je rêve d’aller là-bas.
Un « patriotisme universaliste », quel beau « message »!
Mais:
1. « patriotisme » c’est aussi « paternaliste » puisque ça vient de « padres – pater » – et les « madres – mater » alors? On est où?
2. « nationalisme » vient de « nation » qui a l’avantage (pour moi) d’être au féminin – mais aujourd’hui on ne peut plus se dire nationaliste…
En conclusion je retiens « l’universalisme » – et pour ne pas être taxée d’idéaliste comme d’habitude, je lui ajoute la « couleur locale »; après tout je suis peintre (entre autres) et je m’y connais en couleurs :-))) ! Et puis « couleurs=cultures » locales!
(Quelle serait ma note si ces questions formaient un deuxième thème pour le BAC 2021, au choix?)
Merci de me faire rencontrer Pessoa, connaissais pas du tout et c’est formidable!
Merci Madame ! Cette petite enquête a pour objet de faire penser… En ce sens, je suis dans le ton ;0))
En faisant ce voyage à Lisbonne je ne me doutais pas que je rencontrerais un grand poète … Après, sans doute, il y a des ambiguïtés dans ses écrits. Toutefois, il a refusé d’être encensé par la dictature et son message est humaniste…
Patriotisme, nationalisme, recherche du « pater » ou d’une nation maternante : dans tous les cas, une régression …
Je comprends mieux, à la lecture de ces poèmes, la nonchalance et la faconde des Portugais de mon quartier.
Et le pont du 25 juillet (du 25 avril ?) n’a rien à envier au Golden Gate.
Tu as raison grand Sage !
C’est le pont du 25 avril…
Sinon, sur le Tage il y a aussi le Pont Vasco de Gama (le plus long d’Europe je crois)
Ah mais je n’avais pas vu cette suite …. !
Curieuse, cette ellipse, qui nous transporte à travers le temps de Virgile à Passoa. Je me mets à y rechercher un message caché, un message autre que celui porté par l’évidence. Force de l’esprit sur la matière, ou au contraire limitation de l’esprit par la matière. De l’accouplement de ces 2 mots (esprit et matière) en un seul (message), nait tout un champ symbolique de possibles. Quel est le bon ?
J’espère que tu nous diras tout au chapitre 8 !
Comme d’habitude, de très jolies photos d’un lieu décidément plein de surprises (c’est le palais présidentiel, cette maison rose ?!)
Merci ! Plutôt que de me perdre dans des explications touffues et un brin oiseuses voilà pour éclairer un peu :
http://www.bibliomonde.com/livre/message-1082.html
Le titre ne doit rien au hasard. Ce solitaire génial, après avoir usé de multiples « pseudos », a plublié cette seule œuvre sous son vrai nom… Sa vision du monde en forme de testament.
Je subodorais du symbolique, et nous voilà dans le mystique teinté d’épique …. Personnage complexe, nationaliste, aux mots pourtant universels !