Je suis parti tôt ce matin. Un peu pâteux de mon excès de la veille… J’ai pris le train direction Bélem comme me l’avait conseillé mon « ange gardien ». (terme qui convient sans doute mieux que « surveillant » bien que cet individu assurément avenant soit certainement à la solde de mes « employeurs »…) Malgré tout, c’est un lieu que je m’étais promis de visiter. Trois stations et vingt minutes plus tard j’étais sur place… Je traversais un parc immense pour me retrouver face à une merveille…
Je pénétrais à l’intérieur… Personne… Alors que ce lieu, d’ordinaire, devait être assailli par les touristes. Je me demandais alors si j’étais encore sous l’emprise de mon rêve. Mais non, tout était net , précis, réel. Avais-je franchi sans le savoir une porte temporelle qui me faisait maintenant évoluer dans une autre dimension ?
J’explorais chaque recoin de l’édifice impressionnant comme un palais enchanté…
Après une heure de visite dont je suis obligé de passer les détails, je parvins devant une stèle qui me sembla en dysharmonie avec le style de l’endroit. Nichée dans un renfoncement, discrète au possible il me fallu quelque instants pour réaliser qu’elle était ce que je cherchais, du moins une pièce de plus à mon improbable puzzle…
Et puis au bout d’une grande salle je suis sorti … Et j’ai marché tout droit vers la lumière.
« Plutôt le vol de l’oiseau qui passe sans laisser de trace,
que le passage de l’animal, dont l’empreinte reste sur le sol.
L’oiseau passe et oublie, et c’est ainsi qu’il doit en être.
L’animal, là où il a cessé d’être et qui, partant, ne sert à rien,
montre qu’il y fut naguère, ce qui ne sert à rien non plus.
Le souvenir est une trahison envers la Nature,
Parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
Ce qui fut n’est rien, et se souvenir c’est ne pas voir.
Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer ! » F.P.
À SUIVRE…
Massif et aérien cet édifice à la gloire du navigateur ; la patte de l’animal le vol de l’oiseau qui passe.
Ça alors, les Portugais ont aussi leur Golden Gate ! Après le tramway d’enfer, le pont. Frisco et Lisboa doivent se trouver sur le même parallèle ^^.
Très étranges réflexions de Pessoa. Il était un peu nihiliste, non ? Mais merveilleux poète, c’est le principal.
FP dans un monastère dédié à VdG, parce qu’il est aussi un explorateur…
Quelle chance d’avoir pu être seul dans ce lieu magnifique, fait pour le silence et le recueillement. Car il n’est pas besoin d’un dieu pour se recueillir, le « divin » est partout, comme, en effet, dans le temps présent d’un oiseau qui passe ou comme dans ces bleus intenses du ciel et de l’eau.
J’entends pourtant presque résonner tes pas dans ces vastes salles aux allures mauresques. Est-ce donc son tombeau qui se trouve ici ?
Merci ! Je ne devrais pas l’avouer mais pour l’histoire je me devais d’être seul… (en vrai j’étais avec ma compagne, mais nous n’étions que quelques rares visiteurs… COVID décourage beaucoup de monde !)
Oui Pessoa est sous la stèle …
Dans ce monastère un autre grand poète Camoes est inhumé ainsi que Vasco de Gama…
Sublime, oui…merci…et y-a-t-il meilleur voeu que de pouvoir goûter au sublime dans la l’aérien de la vacuité et du silence?
Welcome Pessoa, je ne te connaissais pas…
Le souvenir, la mémoire trahissent certainement la Nature du Jour comme celle du Passé…mais nous sommes faits de notre passé, des traces qu’il laisse dans nos mémoires – et du Jour d’aujourd’hui aussi. Amnésiques et sans souvenirs, nous serions ne pas « moi » ou « nous », mais « autre », « autrui »- ce qui est vrai aussi…
Et puis, comme c’est compliqué, pardi!
Humons, goûtons simplement la beauté des images, des mots, en silence. On pensera plus tard.
Merci… Je connaissais Fernando Pessoa, mais Durant ce voyage au Portugal J’ai « peaufiné « ma culture.;0))
Encore des lieux sublimes, et pour ta,quête, le mystère s’épaissit. Comment retrouver quoi que ce soit au sujet de Pessoa qui prétend ne pas laisser plus de trace que le vol d’un oiseau ?
Toujours fidèle à la lecture, c’est sympa ! Beaucoup de lieux magiques dans cette ville surprenante…