Le soir même, juste avant de rentrer à l’appartement, alors que je descendait la Rua do Poço dos Negros, le même gars qui m’avait confié les clefs à mon arrivée m’a abordé avec un large sourire. Il m’a demandé, dans un français parfait, si « mon affaire » avançait bien. Ne sachant pas trop s’il était chargé de me surveiller durant mon « enquête », je répondit évasivement. Il me proposa d’aller boire un verre afin que nous puissions « deviser un peu » … Vous me connaissez, c’est le genre de sollicitation que j’ai du mal à refuser… Nous allâmes donc à deux pas de là dans un petit établissement tout à fait sympathique le Madragoa rua da esperança. Devant un premier verre de « poncha da madeira » (boisson traître car bien que fortement alcoolisée elle contient beaucoup de sucre, de miel et du jus de citron ce qui l’adoucit un peu...) nous avons échangé d’abord quelque banalités avant qu’il ne me révèle qu’il était là « surtout pour me protéger » … mais de quoi, de qui ? Je n’en appris pas davantage… Il était, selon ses dires, simplement informé que je me trouvais ici pour faire des recherches sur la vie du « Grand poète » et que je serais bien avisé d’aller faire un tour au quartier de Belém. Nous avons ensuite parlé de choses et d’autres : je me souviens simplement qu’il voulait recueillir quelque unes de mes impressions sur la ville, si je m’intéressais au « futebol »… bref, après je ne sais plus… Au bout du troisième verre, j’étais dans le brouillard …

Je ne sais comment je suis rentré, ni dans quel état mais cette nuit là j’ai fait un drôle de rêve.:

« Parfois, en certains jours de lumière parfaite et exacte,

où les choses ont toute la réalité dont elles portent le pouvoir,

je me demande à moi-même tout doucement

pourquoi j’ai moi aussi la faiblesse d’attribuer

aux choses de la beauté.

De la beauté, une fleur par hasard en aurait-elle ?

Un fruit, aurait-il par hasard de la beauté ?

Non : ils ont couleur et forme

et existence tout simplement.

La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas

et que je donne aux choses en fonction du plaisir qu’elles me donnent.

Cela ne signifie rien.

Pourquoi dis-je donc des choses : elles sont belles ?

Oui, même moi, qui ne vis que de vivre,

invisibles, viennent me rejoindre les mensonges des hommes

devant les choses,

devant les choses qui se contentent d’exister.

Qu’il est difficile d’être soi et de ne voir que le visible ! » F.P.

A SUIVRE…

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