Je me suis endormi assez tard. J’ai épluché le dossier (un grossier résumé, mais suffisant pour me permettre de m’imprégner un peu de la vie de ce poète très assez particulier. Né en 1888, il à vécu jusqu’à l’âge de 17 ans en Afrique du Sud ( à la mort de son père, sa mère s’est remariée avec le consul du Portugal à Durban…) Il était trilingue, et outre sa langue natale il à écrit énormément de poèmes et d’articles en anglais… Très peu publié de son vivant, c’était un idéaliste et outre son amitié avec quelques autres révoltés lumineux comme Alberto Caeiro (le Gardeur de troupeaux) Ricardo Reis et Alvaro de Campos on lui connaissait peu d’amis… Bien après sa mort en 1935 (des suites de son alcoolisme) On découvrit une malle contenant 27543 textes signés de 72 hétéronymes différents ! Qui sont conservés à la Bibliothèque Nationale de Lisbonne… Il faudra attendre 1982 pour que soient publiés une grande partie de ces écrits dans le recueil le plus connu : « Le livre de l’intranquilité » (ou de « l’inquiétude » selon les versions)… Mais ce n’est pas cela que je cherche…
Je me lève tôt et me rend à l’arrêt du « 28 » le plus proche… Cette ligne de tram est complètement dingue ! En montée comme en descente le monstre avance à une vitesse impressionnante, dans un bruit d’enfer. Rasant parfois les maisons de certaines rues étroites, sans trottoir, et les piétons, n’ont alors pour seul recours que de se coller contre les murs… Je descends au terminus « Martim Moniz » pour rejoindre à pied le largo da Graça. Non seulement pour visiter l’église et jouir à nouveau d’un splendide point de vue, mais surtout pour aller m’intéresser, côté couvent, à la salle des sarcophages des « vices roi des Indes » dont un certain Albuquerque conquistador célèbre ! C’est du moins ce que je prétendrais si l’on me questionne… Mon objectif non avoué étant plutôt d’explorer le petit cloître à l’abandon en retrait de la salle précédente…
N’ayant rien trouvé d’intéressant, je veux dire, rien qui puisse orienter ma quête, je décide de rejoindre le Castelo Sao Jorge. Encore une bonne grimpette en perspective ! Là encore un choc … Cette construction aux abords mauresque à connu tant de bouleversements (Romains, Visigoths, Maures, Chrétiens, puis assiégée par Castillans et a été témoin de de l’histoire du Portugal.) qu’on ne peut qu’être impressionné par la tranquillité qui y règne aujourd’hui… Sachant pertinemment que ce n’est pas en ce lieu que je trouverais le moindre indice , Je me laisse aller à la contemplation…
« Suis ta destinée,
Arrose les plantes,
Aime les roses.
Le reste est l’ombre
D’arbres étrangers.
La réalité
Est toujours plus ou moins
Que ce que nous voulons.
Nous seuls sommes toujours
Égaux à nous-mêmes.
Vivre seul est doux,
Vivre simplement,
Toujours, est noble et grand,
Sur les autels, en ex-voto
Pour les dieux, laisse la douleur.
Regarde la vie de loin.
Ne l’interroge jamais.
Elle ne peut rien
Te dire. La réponse
Est au-delà des dieux.
Mais sereinement
Imite l’Olympe
Au fond de ton coeur.
Les dieux sont dieux
Parce qu’ils ne se pensent pas. » F.P.
À suivre
Le texte est de toute beauté et profondeur
Quelle idée originale et plaisante de rassembler récit (ça commence comme un polar), photos de voyage perso et textes de l’auteur de Mensagem. Auteur dont j’ignorais bien sûr l’existence jusqu’à aujourd’hui.
Un bel équilibre texte/photos, très agréable à découvrir ♥
Ce tramway démentiel me fait délirer ^^. Un peu comme le cable-car de San Francisco, en plus marrant.
Un voyage magnifique dans Lisbonne, sous-tendu d’une quête qui ne s’annonce pas très facile,
Je ne connais Lisbonne que par photos, et je n’ai jamais lu Pessoa, je te suis donc avec plaisir et intérêt.
C’est vrai que ça donne envie de rencontrer cette ville, de grimper, de redescendre, de fureter, de se perdre …. Une quête peut en cacher une autre !
J’aime beaucoup ton récit de voyage. Et les mots de Pessoa aussi. J’avoue que je ne le connaissais pas vraiment.
Merci, je dois peaufiner un peu l’intrigue… Sinon, je ne connaissais que quelques poèmes de cet étrange personnage… Mais son ombre plane encore sur la ville, et j’avais envie de creuser plus avant ;0))
Ne te laisse pas distraire par la beauté de la ville ! L’heure tourne…
Tu as choisis une bien agréable façon de nous raconter ton voyage et nous montrer des chouettes photos… Je te suis jusqu’au bout de ta quête.
J’ai rencontré il y a 2 jours quelqu’un qui revenait de Lisbonne dont il est tombé amoureux il y a 15 ou 20 ans. Depuis il y retourne à chaque fin d’été pour une quinzaine de jours. Ton texte et tes photos nous disent que tu es tombé toi aussi sous le charme. C’est une contagion dont on n’a pas envie de se protéger.
Merci ! cet article était incomplet ( pb d’enregistrement) Sinon je continue à enquêter ;o))