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Et d’ailleurs, c’est ce qui se passa : il s’étiola, se ternit, et sa vie toute entière perdit sa délicieuse saveur …
Pourtant, il lutta.
Avec toute l’énergie dont il était capable pour se tailler une part de bonheur dans cette absurdité, il concentra sous ses efforts à rechercher coûte que coûte les rayons salvateurs du soleil.
Il avait ainsi repéré tous les ruses pouvant lui donner accès aux UV et la vitamine D sans quitter son appartement : de 7h15 à 7h25 (+1 minute par jour) dans le recoin de la salle de bain, sous le velux, de 8h12 à 8h32 (+1 minute par jour) face à la fenêtre de la cuisine, et de 18h05 à 18h34 dans son salon. Après, le soleil passait au-dessus de l’immeuble d’en face, et c’était foutu.
Tout au bonheur d’avoir trouvé une résistance active contre son infortune, il n’avait de cesse de contempler dans le miroir les effets de ses expositions assidues. Mais chaque jour, il voyait son visage se flétrir, se faner, se déliter.
JFK dépérissait à vue d’œil comme si, privé de soleil, il s’effaçait peu à peu.
Il arriva donc un moment où il se découragea tout à fait. Ça devait bien arriver …
A FC, son cousin médecin, il demanda (par téléphone évidemment) un arrêt de travail pour dépression, et se calfeutra, roulé en boule du lit au canapé, du canapé au lit, se laissant aller à une surconsommation compulsive de chocolat, de bières, de cacahuètes ou de raviolis en boîtes, bref, de tout ce qu’il avait sous la main.
De jour comme de nuit, il se bâfrait sans faim, sale et avachi devant des programmes télé aussi désespérants qu’abêtissants, et dans l’absolu dégoût de lui-même, … et de « son » odeur. Tant et si bien qu’au bout de 8 jours, il fût dans l’obligation d’aller quand même prendre une douche. Juste pour chasser « autre » qui lui était devenu intolérable.
On ne dira jamais assez les vertus de l’eau qui ruisselle sur un corps fatigué de lui-même. Surtout quand elle est à la température idéale.
Plus il chassait l’odeur déplaisante de « l’autre » et plus JFK se « sentait mieux » et renaissait, plus il se lavait le corps et plus sa tête se libérait : qu’avait-il donc, lui, l’homme heureux, à se laisser dicter sa vie par une ombre inconséquente, fût-elle la sienne ? Qu’avait-il donc à abdiquer aussi facilement devant sa propre existence ?
Ah mais non !! Il avait envie de voir des gens, de sortir, de contempler à nouveau les oiseaux dans les arbres, de sentir le vent sur sa peau… Il avait juste envie de son existence d’avant, et il subodorrait déjà qu’après cet abandon passager elle n’en serait que meilleure, que plus succulente, que plus miraculeuse.
Car la vie est bien un miracle, n’est-ce pas ? Cette mécanique formidable qui nous est donnée à la naissance, ces jambes qui marchent, ces mains qui touchent, ces yeux qui voient …
Non, on ne dira jamais assez les bienfaits d’une douche …
C’est donc tout ragaillardi que notre ami sortit dans la vapeur chaude de la salle de bain et empoigna son rasoir d’une main ferme et décidée.
La buée s’étant déposée sur le miroir, JF prit un bout de sa serviette pour l’en chasser.
Il faisait chaud, dans cette pièce exiguë, très chaud. Pourtant il ressentit une onde glaciale remonter le long de son échine pendant qu’il voyait à travers lui se refléter les étagères de la salle de bain.
A travers lui.
A tra-vers ….
Son reflet avait disparu.
Indéniablement, JFK ne pouvait plus se voir ….
C’est cool : homme transparent = homme invisible ! Et comment est l’ombre d’un type invisible ?
Qui a dit qu’il était invisible ?!
Ce JFK sans reflet dans le miroir, c’est un vampire qui cachait son jeu sous les airs désinvoltes d’un poète dilettante.
Mais en vrai, il a les dents longues !
Que dire? C’est assez désespérant…
Qu’est-ce-qui vaut mieux:
1.Sentir mauvais et dépérir chez soi? Mourir tout seul…
2. Sentir mauvais mais s’en foutre de ce que son ombre pense de soi, comme de ce que les autres ressentent et pensent – vivre comme avant, quoi qu’il arrive?
3. Redevenir vivant mais transparent? Ca permettrait d’espionner les autres tranquillement! (à condition toutefois de ne pas exhaler une mauvaise odeur traître malgré la transparence…). Intéressant?
4. Se mettre à écrire -restant chez soi – une grandiose théorie de l’ombre de la transparence versus la transparence de l’ombre…etc?
5. …
D’autres pistes sont encore à trouver sans doute!
Suivant les grands sages, c’est la voie du milieu qui serait la meilleure…mais comment savoir laquelle c’est?
Et voilà le quiz!
Les « grands esprits se rencontrent » … Enfin juste les esprits cela suffira ;o)) … Il faudra que je remette en ligne une nouvelle (que j’avais publié sur le Wizzz… Enfin, je crois…) et que j’avais intitulé « PANNE DES SENS ». Sinon, ton style et les images poétiques qui s’en dégagent sont un bonheur !
Il sent le pâté ! enfin…il ne peut plus se sentir ! Il ne peut plus se voir ! En somme il ne se supporte plus du tout ! Mais que va-t-il perdre encore ? J’attends la suite. Tous mes sens sont en éveil !
Ah ! si cela avait pu arriver à la méchante mégère, mère de Blanche-neige, ça nous aurait éviter un conte à la c..
Bah non, c’était pas sa môman … C’était sa belle-doche !!
Tu as un problème avec les nains ? Euh pardon, avec les personnes de petite taille ?
Nan ! C’est que je ne supporte pas ces princes charmants prétentieux en collant et culotte bouffante qui font rêver les jeunes filles et nous font du tort nous pauvres hommes ordinaires et pas bien nés. D’ailleurs je suis sûr que les symptômes de JFK sont la conséquence du syndrome du prince charmant.
Je suis sûre que tu serais très mignon et, toi aussi, tout à fait charmant en collant et culotte bouffante. C’est parce que tu n’as jamais essayé, c’est tout …
Regarde à quoi ça ressemble
https://youtu.be/DQkGey_-W8c
Culotte bouffante, on a dit !!! Pas collant moule-biiiiip ….
La culotte bouffante, elle est là !!!
https://www.youtube.com/watch?v=iavaPDeUXkU
Un type qui ne peut plus se sentir ni se voir, c’est parce qu’il s’écoute de trop. Mais avec un peu de chance, il va perdre l’ouïe également.
Hé hé … Tu es, en tous cas, sur la bonne voie !!!
Et après l’ouïe, il va toucher le gros lot peut-être. Faut bien une consolation dans la vie sinon on perd son temps
Quelle solitude ! Et quelle tristesse à regarder JFK sombrer…
Ne plus se voir, ni se sentir et avoir peur de son ombre…
Pire, s’empiffrer de raviolis en boite en solitaire devant la télé !!!
Y a-t-il un remède, Docteur FC ? Cachou ?
19h42 toutes les deux ! On est synchro pour les commentaires Cecile ! 😉
Ah Oui 🙂
Eh ben purée, ça empire a vue d’oeil ! Le pôv gars est pas sorti de l’auberge. Mais enfin du coup, si il n’est plus visible, il ne trimballera plus d’ombre délirante, c’est déjà ça de gagné hein. Donc hop, il va sortir pour une balade je suppose.
Mais jusqu’où tout ça va-t-il le ( nous ) conduire ???