Si vous avez manqué le début, c’est ici : épisode 1

La vie de JFK se déroulait donc sans accroc dans un cocon ouaté soigneusement entretenu, quand un matin, alors qu’il sirotait le café indispensable à son réveil,  il eut la fugace conviction qu’il n’était pas seul dans son appartement.

Ce fût une certitude aussi vive que volatile, aussi improbable qu’absurde, une fulgurante évidence dont il s’ébroua néanmoins rapidement pour ne pas être en retard au travail.

…..

– 2 –

 

Mais le lendemain, le phénomène se reproduisit, et même s’empira : toute la journée, dans son bureau, il fût assailli par intermittences par cette désagréable, mais intense, sensation que quelqu’un, qu’il n’aurait pas entendu arriver, se tenait juste derrière lui. Plus de cinquante fois, il se retourna brutalement pour surprendre le plaisantin.
Même si cela faisait au moins 45 fois qu’il savait déjà qu’il ne verrait personne …

Après son petit tour du quartier du soir, après quelques trilles savourés, et quelques brins d’herbes observés, il se hâta néanmoins d’oublier au plus vite ces fâcheux désagréments.

L’heureux homme …

 

Sauf qu’au bout d’une semaine, la présence étrangère ne le quitta plus du tout et il se sentait devenir morose et quasiment étranger à lui-même à force d’être inutilement sur le qui-vive.

Le bonheur étant chez lui une volonté, il se prépara quand même, en rentrant de sa promenade quotidienne ce soir-là, une sublime petite soupe à l’oignon pour agrémenter son programme télé. Ca faisait si longtemps qu’il en avait envie, de cette gratinée !

Mais quelques heures plus tard, il fût réveillé en sursaut au cœur de la nuit, glacé et pantelant : il y avait, il en était sûr et certain, quelqu’un dans sa chambre. Il en sentait nettement la présence dans l’obscurité … C’était la même que d‘habitude ; sans bien savoir pourquoi, il en était convaincu.
Et elle restait. Elle s’était installée ! Elle l’observait sans doute …

Il resta d’abord sans bouger les yeux désespérément écarquillés dans le noir absolu, l’ouïe aux aguets, sa raison tentant de juguler la peur irrationnelle qui commençait à s’insinuer le long de sa colonne vertébrale, aux tréfonds de son estomac et dans la chamade de son cœur (comment serait-il entré ? le cerbère de la loge n’a pas aboyé, et la porte est fermée à clé …).

Rien ne bougeait, aucun bruit, même pas une respiration, rien que la persistance de cette « chose ». Tant pis : d’un geste vif, il alluma le plafonnier : personne.

Absolument personne ….

Mais pourtant ? Même avec la lumière allumée, la présence restait. Tangible, palpable, si réelle

JFK n’était toutefois pas homme à se laisser empoisonner la vie par des manifestations paranormales. Esprit, es-tu là ? demanda-t-il au silence pour en rire avec lui.
Et c’est donc avec une farouche détermination qu’il éteignit la lumière, rabattit la couette sur lui pour mieux se rendormir dans une douce quiétude retrouvée, et qu’il mobilisa toute la détermination dont il était capable quand il s’agissait d’éluder un quelconque début de problème.

C’est alors qu’il comprit …

 

Si nous avons un point en commun, tous autant que nous sommes, c’est bien la bienheureuse béatitude avec laquelle nous supportons notre propre odeur, celle-là même qui serait insupportable à autrui si nous avions la malséance de la lui imposer.

Notre corps est une machine merveilleuse, qui exsude, sécrète, éjecte, bref, notre corps est une machine à puer. Et honnêtement, ça nous convient généralement plutôt bien dès lors que nous sommes seuls à en subir les effluves.

JFK n’échappait bien sûr pas à cette règle, ça ne fait pas l’ombre d’un doute, et comme il vivait seul, tout avait été jusqu’ici pour le mieux.

 

Sauf que là, il lui fallait bien se rendre à l’évidence :
il ne pouvait plus se sentir …

 

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