Donc, une fois n’est pas coutume, nous partons, en ce samedi aoûtien, faire les courses à la petite ville du coin, à peine 20 km plus loin.
Je n’ai pas l’habitude d’être dépendante et de me laisser conduire, j’ai presque honte… ou plutôt ça m’énerve. Mais je reste humble devant ce d’Hom qui me conduit alors que ses tâches de retraité l’appellent à hauts cris.
Le choix de la « boutique » n’est finalement pas de mon ressort et nous allons chez Aid Ouard aux origines bretonnes, format hyper, de Duçon !
Nous sortons de la maison, verrouillons la porte et, avant que j’aie atteint la voiture je m’aperçois que j’ai oublié les sacs en plastique véritable à 0,25 € (ou 0,5 ou 1 €, je n’en sais fichtre rien) estampillés Aid Ouard et destinés à recevoir de façon éco-écolo-durable nos achats divers et variés, parfois même avariés.
Je ré-ouvre donc la porte de la maison, cherche les sacs, les prends, ressors, referme la porte et me redirige vers la voiture.
Là, et avant que je n’y arrive, D’Hom ressort de cette même voiture et, en me croisant sur le trottoir, me dit avec un sourire bêtasse : heu, c’est mieux si je n’y vais pas en chaussons, hein ? Il ré-ouvre donc la maison et troque ses chaussons (oui, croyez-moi, il fait assez froid pour enfiler des chaussons d’août) contre des sandales tout terrain Décathy, revient s’asseoir derrière le volant et démarre.
Nous voilà partis …
Nous y allons …
Nous y arrivons …
Parking, pourtant immense, bourré à craquer … Moi qui pensais qu’après 17 heures ce serait calme et vide, c’était sans compter sur l’arrivée de la nouvelle vague de touristes débarquant comme chaque week-end à 16 h, dès que la location du samedi commence, et se précipitant illico vers Aid Ouard, le moins cher, somme toute, pour faire les provisions solides, liquides, jetables pour la semaine !
Duçon, passage obligatoire de beaucoup vers les plages saturées, vers l’Océan maltraité, vers les rochers dans lesquels peu d’entre eux verrons les dinosaures, les poufs – bien heureusement.
Et ils sont nombreux les bougres !
Et ils ne savent pas plus conduire leur chariot dans la boutique que leur véhicule sur le parking.
Et ils sont là, présents, omniprésents, tels des vainqueurs des congés – ou du travail – pensant faire de bonnes affaires dans notre coin rural et de ploucs plutôt que dans leur banlieue urbaine. Poussant leur chariot de leur bedaine, leurs seins, ou du bout des doigts, accompagnés de la belle doche, des mouflets, de bobonne, de pépé et du chien, ce dernier étant resté enfermé dans le véhicule surchauffé, la fenêtre ouverte sur 1/2 cm, à japper au moindre mouvement extérieur, la truffe essayant vainement de se faire un chemin par là où l’air passe, ils savourent leurs premiers instants de vacances…
Et, agglutinés autour du chariot familial, ça se croise, entrecroise, se percute, s’arrête, débat, tâte et tripote… Argh !!! Que suis-je venue faire là ? (des courses, oui moi aussi, je le sais, pas la peine de me le rappeler).
Nous arrivons à picorer dans les rayons le nécessaire de nos besoins d’autochtone, hors la MarqueEstampille qui dégueule en tête de gondole, hors les lots dits économiques 3 pour le prix de 2 ou le maxi contenant à ouverture facile ; mais que tout ça c’est du mensonge et de l’arnaque…
Le rayon poissons frais est pris d’assaut, c’est vrai, il est frais ici le poisson. Les prix ont fait un saut… Quasiment doublés ! Le kilo de moules, sans les frites, est passé de 3 € à 5,9 €. Pfff ! Inconcevable !
Certains diront que le tourisme rapporte à qui l’accueille… Certes, c’est le cas pour certains ; mais pour l’habitant moyen du coin ça ne rapporte rien, ça coûte même plutôt cher tout au long de l’année. Ah si, j’oublie, j’aurai pu « m’enrichir » : un couple de touristes m’avait demandé d’installer quelques 2 ou 3 jours leur camping-car dans mon jardin, au prix que je souhaitais, car c’était un magnifique et stratégique point de vue sur le Tour de France qui, à mon grand dam, allait passer sous mes fenêtres. D’ailleurs, il s’y était installé de bon matin en catimini… et commençait à se soulager la vessie derrière les arbustes…
Mais je digresse, ceci est une autre histoire.
J’ai la haine, du moins l’énervement suffisant pour ne plus savoir rester stoïque, neutre, zen, et les yeux fermés – ce qui pourtant aurait été assez aisé – sur cette vague humaine qui s’abat dans mon flou du jour, et me donne le mal de mer. Je perds mon d’Hom plusieurs fois et il me retrouve chaque fois.
Tout près j’aperçois enfin quelqu’un du coin, la voisine, le nez dans les melons, à renifler ; enfin l’ex-voisine, celle qui a quitté F. pour un autre, celle qui s’enorgueillissait d’être comptable chez Aid Ouard, oui, celui-là même qui lui reprend ses sous le samedi après-midi. Elle est avec l’autre, le nouveau. Perso, j’aurais gardé F. Waourf ! Oups, je divague encore !
Oui, je divague encore ! Mais bon, après cet intermède très con et un peu mesquin – je l’avoue, méa culpa – mais qui nous a fait bêtement rigoler et un peu détendus, D’Hom et moi, nous nous dirigeons un peu plus sourire vers une caisse pas trop encombrée.
Et ça râle, ça crie, ça pleure, à gauche parce que les fournitures scolaires sont trop chères (c’est vrai, dans un mois, La Rentrée), à droite car les gosses ont mis en douce des bonbons (toujours mis en évidence de façon à les faire saliver) dans le caddy, derrière parce que la queue est immense, devant parce des articles sont mal « étiquetés »… et les hôtesses de caisse, sourire forcé, s’excusent d’un regard comme si elles étaient responsables de tout cela à la fois et méritaient ces ronchonnements en quadriphonie.
Ouf, on y arrive, on dépose nos prises qui filent sur le tapis roulant, bip, bip, bip à chaque code barre… Je suis étonnée de la somme presque modique que l’on me demande ; dans mon énervement j’ai à priori oublié le tiers de ce que j’avais noté sur ma liste de courses, oubliée elle aussi sur la table de la cuisine. Soupirs !
Alors dans un geste de résilience, je sors et essaie d’enquiller ma carte Vitale dans le terminal de paiement…
:-))))
Je rigole mais je compatis hein. J’évite le plus possible d’aller dans les grandes surfaces, je n’y vais que pour le PQ en fait…
Ma carte vitale est soigneusement rangée ailleurs que dans la pochette de la carte bancaire, sinon tu peux être sûre que je ferais comme toi 🙂
Y a une cédille à Ducon ? 😉
Mêo, je vais te laver la langue au savon.
Je suis un adepte des supermarchés (au marché, je perds la boule entre tous les prix presque tous les mêmes et qualités différentes entre les étals). Mais je vais aux champs !
A l’Aid Houard tout est moins cher c’est connu. Et ce con vient de rajouter 1000 m2 à notre déjà grande surface. Le consumérisme à tout prix est affolant.
Ceci dit ton texte rappelle à nous tous beaucoup de vécu. Perso on a un marché dont du bio, sauf qu’aujourd’hui un seul producteur du coin, il avait une file d’attente… c’est bien pour lui, pour nous, pour tous.
(Ton D’Hom me rappelle quelqu’un que je nommerai pas en ce qui concerne la conduite systématique lorsque je l’accompagne.)
Suite à « Montparnasse Bienvenue », j’avais proposé à Mme Cachou de nous pondre (mais, ça pond un hérisson?) un « Cachou à la caisse du supermarché ». Tu l’as fait à ta manière et…avec ta personnalité. C’est enlevé, bien écrit et bien vu.
Je lancerais volontiers un défi à ceux qui le sentent de proposer un texte sur ce même thème ( l’Espricerie deviendrait un défouloir).
L’Espricerie est déjà un défouloir ! Mais tu as raison, on manque d’articles épicés (épices douces et savoureuses dans celui-là).
je n’y vais plus depuis longtemps… et je me dis que je fais bien.;; bonnes vacances !
Très drôle et très caustique cette description d’une plongée en terre consumériste en période de tourisme de (à la) masse.
Et voilà bien une chute… de malade.
J’ai pensé un instant qu’après sacs et chaussons vous ayez oublié le moyen de paiement.
Vivement septembre et le calme de la routine.
J’attendais en plus une illustration de la Loi de Murphy. Eh oui, parce qu’il y a des jours, comme ça…
Comment ? Même pas « auto-suffisante » !
Mais, c’est un bien pour un mal.
Comme une extraterrestre débarquant sur l’absurde planète « Con…su » tu as fait un reportage détaillé et monstrueux, heureusement avec la touche d’humour qui rassure ;0))
Terrible, ça, de se trouver en pleine déferlante aoutienne, chez Leclerc de nos terres.
Heureusement, dans mon patelin, il n’y a que les cyclistes de la « Loire à vélo » qui font monter les prix. Et puis, d’abord, le boulanger vient de fermer définitivement, alors leur impact reste faible.
Un texte très drôle.
Je ne sais pas ce que je préfère, la chute « Vitale », les chaussons du D’Hom, ou la misanthropie générale ?
Ben dis donc, j’ai lu ça en rentrant des courses à Leclerc hier soir, double peine, je ne te remercie pas !!! 😄
Et en plus j’ai failli filer ma carte vitale à la place de la carte bancaire, ça ne s’invente pas……. 🙃
Sinon tu t’es fait une foulure ou quoi, pour mettre Dom au boulot et lui demander de t’emmener au supermarket, ce qui a l’air rare et exotique pour toi ?
Ah, toi aussi tu confonds le bleu et le vert :-).
Mais oui, pour moi c’est très exotique d’aller au supermarché, mais très désagréable aussi :-))
Faut mixer avec d’autres courses, magasins bios (affreusement chers…) un peu le marché, et autres adresses, a chercher.
Sinon ma carte bancaire ( mastercard ) est verte, d’où l’erreur, fréquente, avec la carte vitale…
Ben, je n’ai pas Mastercard !
Je fais mes courses chez les producteurs locaux. En août ils sont pas là, sniff !
C’est bizarre, l’été, c’est pourtant la saison principale pour les légumes, fruits etc…
Enfin, j’aurais dû dire « je ne suis pas là » car les livraisons se font au boulot et que je n’y suis pas…
Bienvenue, une fois par an, dans la vie des « urbains » (dont on comprend pourquoi ils ne le sont plus guère …). Pour te rassurer, dis toi quand même que tu n’as pas eu également à te farcir les embouteillages pour y aller et pour revenir. Dis toi aussi que bientôt, chez toi, les prix vont baisser ….. Veinarde !
Et moi, je suis par contre bien contente qu’ils soient tous chez toi !!! Ou ailleurs, m’en fiche …
J’ai beaucoup ri. Surtout à la dernière phrase :-))))
Je sais bien, Madame Cachou, que je suis bénaise et chanceuse le reste de l’année, je sais ben… mais quand même :-).
J’ai bien rigolé aussi à l’écrire ce petit pamphlet rayon bio.
On va ouvrir un rayon « bio ».