Il y a quelque temps, on m’a mis au défi de montrer des vieux machins qui traînent dans mes archives. Alors pour cette fois, c’est d’accord, profitez-en bien, ricanez un bon coup, parce que ça ne se reproduira pas de sitôt.
Les abominations du Castor, chapitre euh, je sais plus, mais de toute façon, c’est un hors-série.
LA PRÉHISTOIRE :
Quand j’étais gamin, je dessinais très mal, mais j’adorais ça. Mon grand plaisir, c’était de confectionner des petites bandes dessinées pour amuser mes potes à l’école. Je faisais la découpe et la mise en pages chez moi, et je les terminais en classe, en faisant semblant de travailler dur pendant les cours qui ne m’intéressaient pas. Comme je n’étais pas un mauvais élève, l’institutrice ne se méfiait pas. J’avais une technique extra pour ajouter des éléments réalistes dans mes pages : le transfert à partir de revues. J’utilisais pour ça le dissolvant gras à base d’acétone que ma mère utilisait pour enlever son vernis à ongles. Ça répandait dans tout l’appartement une odeur épouvantable (que j’adorais) et manquait d’envoyer ad patres les membres de ma famille qui avaient la témérité de rester pendant la manœuvre. Pendant une heure ou deux, tout le monde – mes vieux et mes deux sœurs – toussait, éructait et pestait en vouant le maudit bricoleur aux gémonies. Curieusement, ma mère ne m’a jamais interdit de lui piquer le précieux produit dont je faisais pourtant une grande consommation.
TRAINING :
A l’époque où j’ai commis ce nu d’anatomie, j’étais encore une bleusaille, et pour me faire la main, je cherchais désespérément des photos de modèles (il n’y avait pas encore d’internet) autres que celles des grands livres spécialisés qui coûtaient la peau du cul, et dans lesquels les poses étaient confites, stylisées ou carrément à la limite du loufoque. Je voulais des postures de la vie de tous les jours, naturelles et décontractées. Je dessinais exclusivement des femmes, mais pour cette fois, j’avais besoin d’une figure masculine, notamment pour faire taire les ricanements sarcastiques des vils de mon entourage. Or, les castings de bellâtres étaient exclus, pour les raisons que j’ai déjà évoquées quelque part dans mon ancien blog. En réalité, pour éviter de me griller auprès de la jolie brune du coin de la rue.
J’ai donc eu une idée qui en vaut une autre, et je suis allé à la maison de la presse pour chercher des revues de naturisme. Et là, je suis tombé sur ce que je voulais, direct. Quand je dis tombé, ce n’est pas le terme exact, il a plutôt fallu que je saute pour attraper ce magazine. Les libraires français sont persuadés que cette lecture pour pervers se range avec les revues de boule, à un emplacement pratiquement inexpugnable, et ça doit les amuser de voir des excités dans mon genre se tortiller pour attraper l’objet de leurs convoitises.
C’était l’édition mensuelle française d’une publication anglo-allemande (les Allemands, on leur doit ça, n’ont pas ce genre de préjugés idiots), d’une soixantaine de pages avec un texte minimal, et pleiiin de grandes photos noir et blanc-z-et-couleur, de gens de tous âges s’ébattant au bord de lacs, jouant, courant, mangeant et roupillant, vus de face, de profil, de dos, etc. L’idéal pour mon training, quoi.
L’argument marketing de la revue était simple : grand nu en couleurs de face sur la une de couv, et le même, vu de derrière sur la quatrième, à la grande joie de ma libraire, quand j’allais payer. Inutile de dire que cet ovni a disparu des bacs quelques mois plus tard, juste le temps que la censure parvienne à courber suffisamment le balai coincé dans son fondement pour se pencher sur ce cas.
Voilà donc le dessin sans prétention d’un jeune bellâtre, dont j’espère que la technique, encore rudimentaire à l’époque, vous plaira.
Pour le dessin suivant, j’avais piqué une catiche dans le coffre à jouets de ma fille. Pour étudier le processus de la marche sans sortir dans la rue, c’était l’idéal. Je n’ai d’ailleurs jamais su d’où elle la sortait, ma gamine n’a jamais joué à la poupée.
LA PUB :
Des industriels étant intéressés par mon boulot, j’ai travaillé quelques années pour la publicité, à contrecœur. Du dessin exigeant, affublé de textes ineptes pour des produits moralement peu défendables, mais bien payé. Un soir, un ponte d’une autre boîte me demande une grande illustration d’un terrain de football, avec des dizaines de personnages (gradins et pelouse) dans des situations diverses, du mouvement, des couleurs, et plein d’et cætera. Je lui demande pour quand il la veut, et il me sort : « pour demain matin ». C’en était trop. J’ai refusé, et décidé de passer à autre chose. Cet épisode a sonné le glas de ma contribution à la pub.
Croquis rapides pour des études de décors et de caractères :
Voilààà ! C’est tout pour aujourd’hui. Pour demain aussi d’ailleurs, parce que c’était un one shot. Il est hors de question que je déballe TOUT mon musée des horreurs, bande de fripons !
La bise, mes amies. Et mes amis aussi, tiens, ça me changera.
Mèmèche …que de souvenirs , surtout l’odeur de l’acétone ! ^_^
Aaah ça vous fortifie ses papilles, ça hein !
Là aussi je trouve que la suite de l’expo « abominations » se fait attendre un tantinet !!!
:-))
Mééé ! J’ai dit que c’était un one shot ! Mais tout-à-l’heure je mettrai un texte abominable. Sans images, mais y aura pas besoin, promis ! 😁
Surtout si ça parle d’araignées. Par avance, merci :-)))
Tu ne perds rien pour attendre.
J’ai menti : y a une image 😜
C’est super ! J’aime bien ces parcours de vie. On voit le gamin qui grandit et qui se cherche.
Alors horreurs ? Quelles horreurs ? Le bel éphèbe bien équipé ou la jolie petite fille, alerte et bien balancée? Le talent se fraie un chemin à travers les émotions et la pudeur de l’auteur ? Je trouve la démarche très sympathique.
Merci Castor !
Merci à toi, Antoine ! 😊
Un gamin prometteur !
😊
Bon, c’est bien joli tout ça, ces dessins ratés, ces gribouillages de collégien doué, ces esquisses prometteuses, ces personnages embryonnaires… Mais à quand le musée des honneurs ? Hein ?
M’enfin, Yves ! Que fais-tu de ma modestie légendaire ?^^
Allez, je mets un ptit honneur, pour le fun !
👏 👍 💕 bravo !
OUAH HOUUUUU +++++ !
Au lieu de dire il est beau ton pastel je préfère dire elle est belle ta pastelita, ou ton Isatis, ou ta Guède si tu préfères.
Moi j’dirais qu’c’est un ptit bonheur !
😋
J’ai pas trouvé d’émoticône qui rougit.
Que d’éloges ! je ne saurais dire mieux ou/et plusssss… Merci ce fut un plaisir.
Merci à toi, Françoise ♥
C’est absolument ABOMIFFREUX, à la limite du supportable ! C’est pour ça que je suis passée là de nombreuses fois pour admirer sans rien dire.
Il aura fallu bien des demandes et supplications pour que tu nous permettes enfin d’admirer tes vieilleries et je ne comprends pas pourquoi… Un caprice de castor, sûrement 🙂
Tes 2 petites nanas, tes personnages, sont très expressifs et témoignent d’un regard acerbe sur l’être vivant (ce qui n’est pas la plus facile à saisir).
Le texte est également réjouissant.
J’ai hésité à mettre mes vieilleries par pure coquetterie, Cécile : après on va croire que je suis vieux !
Merci pour ton indulgence ♥
Tu parles d’une abomination ! Tu nous en abomineras encore, des comme ça ? ********
Je ne suis pas sûr, ma Mêo. J’ai un peu honte, quand même^^
Merci ♥
Trop mimi la bd de tes 10 ans ! 😊
Et sympas ces étapes dans ton histoire artistique. Côté « fleur bleue » effectivement, la couleur des fleurs ne me paraît pas être le sujet principal du dessin…
Je compatis à l’absence de modèle, pour en avoir eu beaucoup pendant mes études, ça m’a bien manqué après ( et encore actuellement, faute d’académie à proximité de chez moi) Donc ton système de journal était une bonne idée.
Tes dessins sont enlevés et en mouvement, c’est une bonne idée de leur faire prendre l’air !
Aïe, mon commentaire arrive encore en réponse d’un autre com, je ne sais pas pourquoi… Je le laisse là…….
Merci Claude, c’est toi qui es trop mimi !
😊
Tu penses bien que je me suis jetée avec avidité sur ta bande dessinée ! Et que vois-je ? Qu’apparaît-il devant mes yeux exorbités ? Un version d’art brut de l’honorable Touïs !! Si, si, ça le fait mon gars…
Bref, émue je suis par ton talent naissant (non, ce n’est pas un contrepet). La bise l’artiste !
Haha Catherine, je t’adore ! J’étais fan de Touïs et du Sergent Laterreur, mais à cette époque-là, je ne lisais que « Vaillant, le journal le plus captivant » !
Et mes BD, c’était de l’art brut, effectivement^^
Bisouus 😘
Ce que je retiens, c’est ton obstination d’enfant, ta ténacité. On voit bien qu’être un garçon, ça aide, pour sauter à l’assaut d’une telle revue. Jamais je n’aurais osé, surtout pour passer à la caisse et affronter les regards des étrangers et de ma famille… Je me suis contentée, à la même époque que toi, de fadasses calendriers pour mes portraits. Quelle nullité c’était, quand j’y pense ! Ton coup de crayon en BD était déjà imparable et ton sens du modelé, plus tard, par ombres et lumières, aussi. Je suis sûre que tu as encore plein de petites anecdotes de ce genre dans ton sac, mais ce serait bien aussi que tu les mettes dans un livre, (ou en BD ?)
Ben je ne suis pas sûr que ça m’a aidé d’être un garçon, j’étais affreusement timide, et aller acheter ce magazine, quelquefois avec une revue de dessin pour débutants, c’était une épreuve ! En plus ma libraire était une très jolie jeune femme, je te laisse imaginer le malaise^^
Merci Hélène.
Ce texte est une arnaque, on nous ment, on nous spolie, on nous abuse. Où sont les abominations, les horreurs promises ? Je me préparais déjà à vomir de dégoût, tout le monde adore ça, et au lieu de cela, je bée, bée, à n’en plus finir. C’est une carpe hors de l’eau qui ne vous salue pas, môssieur, car vous êtes trroooop doué. Tout petit déjà.
Huhuhu !
Hélas, ma Bou, si j’avais été doué, ç’aurait été tellement plus simple ! Contrairement à certains de mes potes qui dessinaient comme des pros dès leur plus jeune âge, il a fallu que j’achète des manuels et que je travaille. Moi, travailler : tu te rends compte ?! 😨
Merci, t’es un namour ♥
Je suis restée, pour la bonne et simple raison que je n’ai pas rigolé. J’aurais voulu que j’aurais point pu (tu as déjà essayé de rigoler avec une bouche en cul de poule bloquée sur le mode « admiration », toi ?)
Enfin bon, y a pas que les fleurs bleues, dans la vie, il y a aussi de jolis petits seins à peine voilés sous un tissu léger et vaporeux …. Coquinou, va ! Quant au jeune homme, il est parfait 🙂
Et après l’expressivité des personnages et de leurs mouvements, le point d’orgue avec cette superbe Tour Eiffel. Et tu oses appeler ça un Musée des Horreurs ?! Tu veux que je te fasse un dessin pour que tu aies un aperçu de ce qu’est vraiment un musée des horreurs ? …
Du coup, je veux et j’exige (plus facile à écrire qu’à dire) un double shot !
Haha moi je veux bien que tu me dessines des horreurs, t’es pas cap !
Malheureusement, ou heureusement, j’ai balancé la plupart de ces trucs, à commencer par les publications de pubs que je recevais (j’en avais donné une à un de mes potes qui l’a encadrée et accrochée chez lui^^).
Merci Cachounette ♥
Fichtre, il n’y a pas que la couleur des fleurs qui t’inspirait. Cette jolie jeune fille en fleurs est promesse.
Et bravo pour la qualité du trait de tes admirabominations.
Est pleine… de promesse
N’est-ce pas^^
Merci, Sergent.
Ta bande dessinée m’a rappelé des vieux très vieux souvenirs. Mais pour 10 ans ton nu masculin est plus qu’honorable et j’apprécie fort tes personnages en mouvement. Quant aux légendes ; excellent!!!
Merci, Bruno. 10 ans, c’était juste pour les petites BD. Les autres dessins ont été faits des années plus tard.