J’allais bon an mal an sur mes 10 ans, et j’étais sûrement encore persuadée qu’il suffisait de « dé-pressionner » le nombril pour que naissent les bébés.
Ben oui, je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans, etc. … etc. … Et en plus, dans notre maison des Landes, on n’avait pas la télé. C’est dire …
Alors, cette nuit-là, au lieu d’aller nous coucher, nous sommes allées, ma mère et moi, chez les voisins-cousins.
Nous nous sommes assises chacune sur une chaise en formica, agrandissant ainsi le demi-cercle familial déjà constitué et avons pointé, comme les autres, notre regard vers l’écran magique du téléviseur.
Au début, il n’y avait rien. Ça a duré longtemps, très longtemps, et il commençait à se faire tard, très tard. Alors les discussions se sont engagées, sur le temps, le maïs à castrer, la cousine qui allait se marier, en fait, je ne sais plus ! Moi je continuais à regarder l’écran. Des fois que …
On était tous là, à attendre, au beau milieu de la nuit, et rien que ça, c’était bizarre …
Je me souviens d’une salle de contrôle, ça sentait l’évènement important, la technologie qui nous dépasse, les ordinateurs hyper puissants, ça transpirait l’incompréhensible, ça fleurait bon l’improbable.
Puis est apparue une image fixe, trouble et sans intérêt.
Les conversations se sont tues, et les bustes se sont inclinés vers l’écran comme pour mieux voir lorsque ça s’est enfin mis à bouger dans un magma sombre et informe. Je sentais mon cœur battre la chamade : j’avais peur que ça rate, que là-haut ils se plantent, ou qu’on n’ait plus aucune image, ou un peu tout ça à la fois.
Mais non, très lentement, on a enfin vu une masse se détacher et une lourde silhouette se mouvoir. La voix dans la télé expliquait que l’homme descendait de l’échelle. C’était une bonne idée, d’expliquer, parce que franchement, on ne distinguait pas grand-chose … Et alors il a eu lieu, ce premier pas sur la lune qu’on n’a, en réalité, pas vraiment vu. Mais surtout il a eu lieu DEVANT NOUS ! Et en DIRECT !! …
Je me souviens très bien de ma sidération. Pas tellement devant l’évènement. Oui, bon, quand même un peu, évidemment … mais ce qui m’avait surtout stupéfiée, abasourdie, estomaquée, c’est que j’ai pu en être le témoin visuel malgré cette distance ultime, et que soudain cette distance-même ait pu être gommée (depuis le temps que mes appréciations scolaires me trucidaient régulièrement d’un « est toujours dans la lune », cette fois-ci, j’y étais vraiment !!!).
Et ça, c’était vraiment surnaturel …
C’est alors que le « vieux » se leva (c’est vrai qu’il avait au moins 50 ans …), alla se poster sur le seuil de la porte et leva le nez en l’air. Son ombre se découpait sur la nuit. Il secoua lentement la tête de droite à gauche, et fixant toujours le cercle lumineux suspendu, déclara de son bel accent gascon : « diou biban’ alors y a des hommes là-haut ? …. non, non, ça, c’est pas possible ».
Et il est sorti dans la nuit, je crois qu’il avait besoin de respirer la Terre.
Et vous, c’était comment ?
(Les juniors –s’il y en a qui passent par ici- ont le droit d’inventer !!)
Je n’ai qu’un souvenir flou (normal, vu la qualité des images de l’époque) de l’évènement lui-même. En revanche (c’est aussi un mot très en vogue depuis quelque temps chez les journalistes , chroniqueur-euse-s et autres personnalités politiques) ce dont j’ai souvenir c’est l’influence que l’évènement avait sur nos jeunes cerveaux : j’étais en pension et à la rentrée scolaire qui a suivi ceux qui étaient un peu doués en dessin noircissaient des pages de fusées, de LEM et d’astronautes.
Mais Dieu dans tout ça ?
Je me souviens d’avoir été à la fenêtre pour tenter de réaliser ce qui se passait. Peut-être même que j’ai essayé de les voir…
Quand on marchera sur Mars…
1969 ! Un vague souvenir d’une « chose » extraordinaire qui a eu lieu, et dont je ne pouvais mesurer l’importance… Quelques images floues et irréelles, oui, malgré l’absence de télévision.
Je me souviens d’avoir lu et relu à cette époque ces 2 albums de Hergé, publiés bien antérieurement à l’exploit, assise par terre, dans la poussière, non céleste, du grenier de la maison de mes grands parents.
Merci Cachou d’avoir partagé ton souvenir.
Et ben moi, j’ai beau me creuser la mémoire, je n’ai pas de souvenir du premier pas , Le 20 juillet 69, je devais être à Alger quelque part dans la Casbah.
Par contre je me souviens de Spoutnik 1, premier satellite lancé par les Russes le 4 octobre 57, annoncé à la radio. J’avais 14 ans, j’étais pensionnaire à St Etienne ce week-end là j’étais chez une vieille tante et les chansonniers avaient chanté une chanson qui célébrait « Bébé Lune et BB Bardot »
Allô Houston, ici la Lune !!
Nous l’avons vu aussi ce premier pas, mais bien net, lumineux, décalé et un peu hésitant.
J’avais 15 ans et on n’avait la TV que depuis 2 ans !
Mon père avait fait tout un cirque mais maman avait bien manœuvré et l’engin trônait enfin dans la salle à manger : le luxe suprême !!
En 1969, on n’avait toujours pas la télé, du coup on n’a rien vu. Ça c’est fait.
Je me suis vengé des années plus tard avec ce détail dans un de mes pastels :
Chouette témoignage, Cachou, qui rend bien l’ambiance de ces années-là.
Cool aussi et bien plus net que l’émission en direct ton détail ! 😉
Ouah hou !!! Non, mais ôte-moi d’un doute … Tu as un pastel pour toute occasion, ou bien … ?
J’aurais eu, si j’avais gardé, ou même photographié. Le problème, c’est que je ne m’intéresse plus à mes tableaux une fois qu’ils sont terminés.
Sinon le coup du nombril à « dé-pressionner » pour que naisse le bébé m’a bien fait rire, je ne connaissais pas ! 🙂
Mais siiii ! Claude ! Pagnol dans la série « la gloire de mon père etc … quand sa mère ou sa tante(je ne sais plus) est enceinte, il se plante un jour devant elle et lui dit « Alors on va te déboutonner »
Il faut faire très attention, quand on déboutonne le nombril, les fesses risquent de tomber.
M’enfin Castor !!!!!
Mekilef, j’avais oublié cet épisode, pourtant lu et vu plusieurs fois…
Ouh la la ! Bon, ben j’avais quelques années de plus que toi ( à peine ! 😉 !!! ), j’étais en Bretagne, étudiante à l’époque et animatrice d’un camp de vacances de jeunes collégiens dont les plus âgés n’étaient guère éloignés de mon âge. Pendant que les gamins dormaient dans les tentes sous la garde de quelques uns des moniteurs qui se relayaient, les autres moniteurs-animateurs étaient réunis dans une salle qui servait à des réunions et des jeux, et ou il y avait une petite télé noir et blanc. Nous avons aussi veillé très longuement dans la nuit devant l’écran de neige blanche, avant que ne paraissent ces images effectivement assez floues, la silhouette pataude qui descend l’échelle, le premier pas sur la lune. Il était je crois une heure et demi du matin, mais je ne suis plus très sûre…
Ce dont je me rappelle, c’est cette longue attente nocturne dans une ambiance un peu mystérieuse, au coeur de ce magnifique parc breton, la marche dans la nuit sous les grands arbres, les conversations entre nous en attendant la retransmission ( nous étions un groupe de la même ville proche de Paris, amis depuis longtemps). Un moment vraiment hors du temps, magique, entre fatigue et rêve, bonheur d’être ensemble, et la longue attente enfin récompensée par ces images fabuleuses et décevantes à la fois parce que si floues qu’il fallait un peu les deviner… Il y a cinquante ans déjà.
Les souvenirs sont bien plus nets que l’émission ! Cool ! 😊
Oui, cette attente dans la nuit … ça n’en finissait pas (surtout qu’on ne savait pas si on en serait récompensé) !!! C’est que, dame !, on se couchait plus tôt à l’époque. Maintenant, 2 heures du mat’, ça ne nous laisserait pas un souvenir impérissable 😉
Deux heures du mat, non, mais un premier pas sur la lune, ça laisserait un souvenir impérissable à toute époque, je suppose. C’était un moment vraiment spécial.