Chapitre III
Un jeu d’enfant
— Où sommes-nous ?
— Dans la plaine Ridée.
— C’est où la plaine Ridée ?
— La plaine Ridée, c’est la plaine Ridée…
L’homme s’exprimait avec difficulté. Il consacrait tous ses efforts à supporter une douleur et ne pouvait pas se lancer dans une discussion.
— Qui es-tu ?
— Et vous, qui êtes-vous ?
« Bien sûr, pensa Lesage, il a raison : il est chez lui, j’arrive chez lui, c’est à moi de me présenter. Diplomatie, Lesage, diplomatie et politesse ! »
— Tu as raison. Appelle-moi Lesage.
— Et elle, c’est qui ?
— Elle ? Elle ne devrait pas être là, cette timbrée ! Elle s’appelle Lîle. Il faut que j’aille voir comment elle va. Aide-moi.
Une fois de plus, cet homme lui demandait de l’aide. Bastien l’interrogeait du regard, s’interrogeait sur ses intentions et ne bougeait pas.
— Aide-moi, j’ai un problème avec ma jambe.
Bastien traîna Lesage auprès de Lîle. Ils la retournèrent et Lesage s’approcha de son visage pour déceler un signe de vie.
— Elle respire. Faiblement, mais elle respire. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Le vent. Ça arrive de temps en temps. Et cette fois, c’est à cause de vous.
— A cause de nous…
— Votre vaisseau est cassé, vous savez ?
— Je vois ça… Cassé cassé ?
— Je crois, oui.
— Ecoute… Comment t’appelles-tu déjà ?
— Bastien. Mais tout le monde m’appelle Sébastien.
— Ah… Bon. Ecoute Bastien : il faut que je rencontre des gens ici. Tu peux me conduire en ville ?
— Au village ?
— Oui, à ton village.
— Et la femme, elle va rester là ?
Lesage n’avait décidément pas les idées claires. Un enfant réalisait la situation avec plus de lucidité que lui. Et du coup, il comprenait qu’il devrait s’en remettre à cet enfant. Il n’était pas en position de donner des instructions mais plutôt d’en recevoir. Aussi attendait-il que Bastien ait une idée.
De son côté, Bastien entrevoyait toute la gloire que cet événement pouvait lui apporter et il comptait bien prolonger autant qu’il pourrait l’agréable sentiment d’être en quelque sorte maître de la situation. Que ces étrangers puissent être dangereux ne l’arrêtait pas : le danger ne devait-il pas faire partie d’une aventure ?
— Voilà ce qu’on va faire. Vous allez rester là le temps de vous réparer et moi, je vous apporterai à manger. Quand vous pourrez marcher et que votre amie sera réveillée, je vous conduirai au village.
— Il est loin ?
— Pas très loin, mais c’est difficile.
— D’accord, faisons comme ça.
Bastien se redressa, acquiesça fièrement une dernière fois et pivota vers la sortie. Lesage l’appela avant qu’il quitte le cockpit :
— Bastien ?
— Oui Monsieur…
— Merci.
« La politesse, Lesage, la politesse et la diplomatie ! »
« Cassé cassé » … ça me rappelle vaguement quelque chose … mais c’était sans doute ailleurs , dans une autre monde.
Il est quand même sacrément gonflé ce gamin. Aujour’hui, par chez nous, il risquerait bien des poursuites pour non assistance à personnes en danger !
Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, par chez nous, il n’y a pas beaucoup de place pour l’aventure.
De toute façon, pour rien au monde je n’irais le dénoncer, d’abord, je suis pas une balance, juste un verseau, ensuite,j’aime trop le suspens, et y en a !
J’aime beaucoup la réplique : « Bastien,mais tout le monde m’appelle Sébastien… »
Cette planète semble finalement assez accueillante !
M’enfin, si on te dit que la plaine ridée, c’est la plaine ridée, écoute… Bon, c’est pas un reproche (quoi que)mais c’était court, là. J’attends la suite. C’est quoi la suite ? La suite, c’est la suite.
J’attends la suite aussi que j’espère colorée d’une douce compréhension.
« La plaine ridée, c’est la plaine ridée … »
J’aime bien ; j’imagine ; je photographie.
(et accessoirement ça me fait penser à mes cours de génétique avec des pois lisses et des pois ridés… j’ai pas fait exprès)
Moi, c’étaient des drosophiles… aux yeux rouges !
Voila ce pauvre Lesage dans une situation précaire ! Et la plaine ridée, c’est un nom peu encourageant. Comment va-t-il s’en sortir ?
Tu sais que c’est sacrément intéressant, tout ça ? Plus que jamais j’attends la suite …