Mon grand cerisier pleureur est mort.

Il tend ses branches désormais et irrémédiablement dénudées vers ce ciel peu compatissant, ce ciel qui pourtant bénéficiait d’elles pour se sculpter d’ombres et de faux-jours , se broder de verts divers, de jaunes et rouges automnaux, sur son gris ou son bleu parfois trop uniformes.

Désormais l’épisode hivernal est infini, éternel…

Tout l’ été, alors que les arbres qui lui tiennent compagnie depuis longtemps étalaient leur feuillage vert et brillant de vie, il a tendu là-haut ses branches nues maintenant et peu ramifiées, car, en l’absence de sève nourricière, elles se dessèchent au soleil que les feuilles ne retiennent plus, elles se cassent et se laissent pleuvoir petit bout par petit bout, au moindre frisson de vent, s’éparpillant sur l’herbe, mortes.

Mon grand cerisier est mort.

Et c’est un peu – beaucoup – de l’âme de mon jardin qui s’en est allée ; Un peu de mon âme photographe aussi.

Au-delà du plaisir annoncé de déguster à chaque fin de printemps ces beaux et délicieux fruits, c’est un ami que je pleure. Majestueuse fraîcheur, tentaculaire protecteur.

Vous souvenez-vous de ce « promesse de gourmandises », de ces « acariens veloutés », de ce « cerisier d’octobre », ou encore de « or et argent », ou de « déshabillage »et «  pleurs de prunier » ?

C’était lui, ce grand cerisier, ces petites histoires photographiques.

Alors regardez encore une fois ses fleurs, ces myriades de petites fleurs blanches au coeur d’or, serrées les unes contre les autres,

Admirez une fois encore le ballet printanier de ses hôtes volants et réconfortez-vous à ce spectacle bourdonnant,

Approchez-vous de son écorce si particulière, ornée d’arabesques, délicatement semée de l’or et de l’argent des lichens, sur laquelle crapahutent vivement ces acariens veloutés, ponctuations rouges dans un océan camaïeu de jaunes et bruns,

 

Touchez du bout des doigts ces larmes perlées de sève sucrée.

Regardez à son pied, sous l’ombre et la fraîcheur de son feuillage, ces arums naissants, ou ces feuilles d’automne toujours si colorées et chaudes.

En toute saison les oiseaux s’y perchaient pour s’égosiller, s’y réfugiaient, à l’abri des chats, ou pour picorer les minuscules insectes hôtes, ou encore pour se gaver de fruits à peine mûrs.

Allez, venez avec moi rendre un hommage à ce géant qui n’est plus et le remercier de tous les bienfaits qu’il a offerts… et à ce monde qui disparaît avec lui. Merci.

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