Lorsqu’on avait treize ans à peine

Poitrine de rêve à craquer

Perchés aux berges de la Seine

La tête remplie de projets…

Tu me disais : – Faut qu’on se taille

On va se faire un grand bateau

Moi, je tiendrais le gouvernail

Toi tu serais… les matelots ….  

Il faudrait, que je me souvienne

Averse de cailloux dans l’eau

De ton visage de bohème

La bouche pleine de gros mots

Quand on biffait dans les poubelles

Pour y trouver de quoi glander

A coups de pied dans les gamelles

Pleines d’après-midi mouillés

Tu me disais : – Faut qu’on s’en aille

Vers les pays où il fait chaud !

Et puis sans plus faire de détail

T’avais piqué un sac à dos….       

Il faudrait, que je me souvienne

Penché aux berges du passé

Il faudrait que le vent ramène

Tes frissons de cheveux mêlés

L’air est un grand frôlement d’ailes

T’es parti avec les oiseaux

Dans ta poche un bout de ficelle

Trois sous et un petit couteau

Il faudrait que je me rappelle

Que je recolle les morceaux

Sur mes sanglots comme un appel

La force de ton rire d’eau

Il faudrait que je me souvienne

Averse de cailloux dans l’eau

De ton visage de Bohème

La bouche pleine de gros mots

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