
A chaque fois, c’est un peu pareil …..
Ce ressenti, cette confiance. Ce sentiment d’invulnérabilité inaltérable.
Déjà se projettent l’aboutissement, la certitude d’une réalisation pleine et entière, malgré le nom imprononçable inscrit sur l’emballage.
On fait le vide. En soi et autour de soi.
On assemble, on s’assemble. Calmement, posément. Avec cette respiration tranquille, profonde et sereine. L’esprit se concentre, le geste se fait précis, net, efficace, et le monde alentour s’efface.
A chaque fois, c’est un peu pareil, et pourtant, non … jamais complètement.
Parce qu’il arrivera forcément un moment –jamais le même- où le doute s’insinuera, sournois et cruel, un moment où la projection idéalisée s’achoppera sur la logique, un moment où le gouffre de l’erreur possible s’ouvrira en une faille vertigineuse.
Surtout quand il vous reste entre les mains une insidieuse petite pièce, visiblement surnuméraire … Surnuméraire, vous êtes sûr ? ….
Les convictions soudain s’effondrent, la respiration s’essouffle alors que les pensées, affolées, s’entrechoquent dans un magma d’incertitudes. On relit les étapes, les unes après les autres, on traque l’erreur, la faille, on tente de se rassurer …
A chaque fois, c’est un peu pareil, et pourtant, à chaque fois, on se laisse surprendre.
Submergés inexorablement par cette houle déchaînée de doutes, les plus faibles s’effondrent, pantelants, et crient grâce.
D’autres, plus teigneux, plus orgueilleux aussi, entrent en une lutte ardente : l’enjeu devient personnel, presque intime. Et leur fierté imbécile les contraint à cacher leur désarroi et leur faiblesse : ils sont inexorablement seuls devant l’obstacle …
Je fais partie de ceux-là.
A chaque fois, c’est pareil.
C’est toujours la même question qui revient …. :
« MAIS BON SANG ! MAIS QU’EST-CE QUI M’A PRIS D’ALLER ACHETER UN MEUBLE A CONSTRUIRE CHEZ I**A …? »
Je viens ce week-end de monter une chaise de bureau sur roulettes. J’ai tout bien monté mais ce n’était pas aussi confortable que j’espérais. Et en re-regardant bien le plan, j’ai vu le détail qui tue et j’ai compris que j’avais monté le dossier à l’envers.
J’ai toujours cru qu’I Ké A ça voulait dire pas fini en japonais……..
🙂 !!!
Idem pour les notices de produits importés des ex pays de l’Est ou d’Asie … Genre traduction google … avec des plans qui ne correspondent pas ;0))
Est-ce que ça ne serait pas ça le talent ?
Arriver à raconter une histoire collective et à la faire sienne, de par le style et les mots, avant de la rendre à nouveau collective ?
Déconstruction et reconstruction impalpable mais ô combien aboutie !
Et dont il restera pas de superflu 🙂
Rassure-toi, ça arrive aussi aux pro ! Lorsque 2 gros bras ont monté la mezzanine de mon fils, ils ont tout simplement posé la barre de sécurité côté mur… l’enfant pouvait ainsi tomber tout à son aise dans le vide !!
Alors, idée de génie, l’un d’eux a dit : »Mais on va tourner le module entier ! » Bah oui, et la porte de l’armoire serait collée au mur, et pour s’asseoir à son bureau, le gamin aurait fait un trou dans ledit mur !
Dépités, ils m’ont regardée et ont entrepris une nouvelle demi-journée de boulot… Comme disait ma mère : »Faire et défaire, c’est toujours travailler ! »
Ouarf 😉 J’adore la « logique » des gros bras !!!!
Pffff ! J’ai eu du mal à t’envoyer tout ça! C’est vrai que ça tient beaucoup de place mais ça illustre tellement bien ton affaire que je n’ai pas pu résister.
C’est de Manu Larcenet, dans « Le sens de la vis ».
Il me fait rire aux larmes.
J’espère que c’est lisible.
(NB : A lire du haut vers le bas)
TRÈS DRÔLE !!!!!! Bon, certes, on devine plus qu’on ne voit, mais en agrandissant l’écran ++++, je crois avoir eu une idée un peu plus précise des dialogues, et la dernière planche est tout particulièrement savoureuse ;-)))
Un grand MERCI, Antoine, pour cette superbe illustration : finalement, nous sommes tous un peu désemparés quand on nous kit ….
« -A présent, si tu m’aidais à monter ce banc I-ké-A, Demi Lune ?
Nous y deviserions plus à notre aise en buvant du thé … »
« -Ce serait un grand honneur, Maître ! »
… … …
« -Nous n’obtenons pas un banc, Maître ! »
« -C’est exact, Demi-Lune. Le hasard changeant se rit de nous et façonne le Grand Réel à sa convenance »
« Reprenons comme ceci »
« Le hasard changeant se rit de nous et façonne le Grand Réel à sa convenance », ça me fait mourir de rire !!!!
C’est un gag répétitif, cette petite pièce surnuméraire qui reste à la fin d’un assemblage de meuble I**A (ou autre objet arrivé en pièces détachées ). 😉 😄
La Vie, en quelque sorte !