Petit fascicule pour devenir un vrai chasseur !

D’un côté de la digue, c’est la réserve naturelle ; de l’autre, c’est le domaine maritime…

D’un côté, les oiseaux peuvent se réfugier, gazouiller, trouver leur pitance, se reproduire pépère ; de l’autre les mêmes oiseaux peuvent se faire tuer…

Vous avez envie de vous y essayer ? Je ne pense pas mais à toute fin utile, je vous livre le manuel pour les nuls se rapportant à la chasse.

D’abord vous trouver un emplacement donnant côté maritime avec vue sur un ou deux bassins toujours en eau, avec quelques haies d’essences arbustives locales.

Vous construisez ensuite votre cabanon, bien planqué dans la haie : quelques planches et pieux, quelques plaques de fausse herbe bien verte, quelques rouleaux de feuillage type camouflage militaire.

Prévoir une ou deux meurtrières avec volets, et des sièges en intérieur, confortables.

Vous vous assiérez là, oeil rivé sur les bassins aquatiques, fusil à l’épaule, prêt à appuyer sur la gachette.

Prévoyez aussi une évacuation vers le milieu naturel : la bière, ça fait pisser et comme il faut rester cacher…

Comme pour votre résidence secondaire au bord de la mer, vous pouvez aussi baptiser votre petite cabane sweet cabane, d’un nom doux et charmant…

Puis vous introduisez sur les plans d’eau des faux canards : on en fait des terriblement ressemblant aux vrais canards.

Ces faux canards ne cancanent bien évidemment pas. Pour remédier à cet inconvénient majeur, vous emprisonnez un ou deux vrais canards, dans une petite cage grillagée installée sur le bord de l’eau : ils se chargeront de la bande son.

Mais attention, vous n’êtes pas des sauvages, vous les nourrissez.

Et comme ces faux canards ne bougent pas vraiment non plus, sauf au gré du vent, vous installez tout un éventail de ficelles les reliant à la cabane – qu’on appelle communément affût.

Il ne vous reste plus qu’à prendre quelques cours de marionnettiste, prendre les ficelles en mains, et vous amuser à faire aller et venir et plonger ces fiers faux canards.

Les vrais canards étant moins cons que les chasseurs, peu se laissent prendre à ces illusions mais malgré tout, certains passent de vie à trépas en croyant retrouver une dulcinée ou un chevalier servant sur cette eau lumineuse…

Quelle belle histoire d’amour !

Alors il faut quand même que vous prévoyiez le canot, pour aller chercher feus les volatiles, et une brouette pour les rapporter au 4/4 qui attend sagement au bout du chemin. Mais attention ! Vous planquez tout ça sous les arbustes en fleur, les attachez, des fois qu’on veuille vous les voler.

 

Et puis amenez les copains, c’est plus marrant à plusieurs de tirer sur des oiseaux, en racontant des vannes époustouflantes de connerie, surtout avec quelques bières dans le cornet…

Sinon, vous pouvez choisir les poilus plutôt que les plumeux et, en troupeau de 15 ou 20 véhicules de chasseurs de fauves, aller inonder les sous bois automnaux… interdisant les lieux à tout promeneur qu’il soit ramasseur de champignons, photographe en herbe ou simple baladeur.

 

Là je n’ai pas fait de reportage, « ils » étaient là  : presque cernée de visages patibulaires, croyez-moi, je n’étais pas tranquille et j’ai renoncé à mes photos rousses, si ce n’est celle des aiguilles de pins tombées sur la petite route.

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