Plan large. Travelling sur le rayon de jour qui perce par la rainure des persiennes et éclaire doucement le désordre de la chambre, le seau à champagne, le cendrier renversé, les vêtements épars. Zoom sur le couple enlacé.
Il s’éveille le premier, la caresse d’un regard émerveillé. Doucement, sa main se pose sur la hanche dont la courbe lascive se devine sous le drap plissé.
Elle ouvre les yeux, lui sourit. Ils se dévorent des yeux, lentement leurs visages se rapprochent, leurs bouches se rejoignent et …
STOP, COUPEZ !
Non mais d’où est-ce que vous avez vu qu’après une soirée arrosée on n’avait pas une haleine de chacal au réveil ?
Smith resserre son pardessus, relève son col, et ayant revissé son chapeau sur sa tête, sort de l’immonde bouiboui dans un silence hostile, pour s’enfoncer, solitaire, dans la nuit humide de la petite banlieue sordide et froide. Il allume une cigarette (oui, c’est un vieux film), et s’approchant de la chaussée luisante de pluie, lève son bras d’un geste ample et nerveux. Un taxi vient se ranger à ses côtés. Il s’y engouf…..
STOP, COUPEZ !
Non mais vous avez déjà essayé de héler un taxi en pleine rue, et qui plus est en banlieue et sous la pluie ? ….
La nuit enveloppe le parc. Travelling avant : la Galerie des Glaces étincelle de mille feux. Sa Majesté, emperruquée et poudrée, s’avance lentement, saluant augustement de son auguste tête la foule des courtisans qui s’écarte et se courbe sur son passage. Plan serré sur les visages, sur les regards qui disent la jalousie et les intrigues.
Plan fixe : hautaine, la Maîtresse Royale entre à son tour, richement vêtue de dentelles, ornée de falbalas. Sa chevelure soyeuse est relevée en une coiffure gracieuse qui met en valeur son port de tête altier et la finesse de son teint translucide. Zoom arrière : devant le Roy qui s’avance, la belle Marquise (au décolleté prometteur, tant qu’à faire) se prosterne à son tour ….
STOP, COUPEZ !
Non, mais vous n’auriez pas un peu oublié qu’il était jugé dangereux, à cette époque, de se laver ? N’auriez-vous pas fait l’impasse sur les pommettes rouges sur fard blanc qui était le must à la Cour ? Hum ?
La météorite poursuit sa course folle. Elle s’avance inexorablement vers notre petite Terre, si fragile dans le 3D du vaste univers de synthèse. Plus rien ne pourra éviter l’apocalypse. Partout dans le monde, les hommes attendent leur fin inéluctable. Beaucoup se sont rassemblés en communion pour prier. Les plans séquences se succèdent. Émotion.
D’autres ont choisi la paix d’un dernier instant partagé avec l’être aimé. Super-émotion. Quelque part des enfants chantent une comptine en langue anglaise, leur maman, en silence, pleure doucement. Hyper-émotion.
Changement de plan. Dans le Bureau Ovale, la tension est à son comble. Autour du Président (noir, mais léger, hein ? parce que bon ….), des scientifiques un peu allumés présentent la solution extrême de la dernière chance. Oui, ça peut paraître incroyable, Monsieur le Président, mais ça peut marcher. Laissez-nous laisser essayer … La survie de l’humanité, peut-être …. Pensez à la richesse de nos civilisations, Monsieur le Président, les pyramides, les philosophes grecs, les …
STOP, COUPEZ !
Non, mais ça va bien maintenant ! Si les États-Unis pouvaient sauver le monde, depuis le temps ça se saurait non ?
Le Grand Chef a réuni ses sages dans le grand Tipi. Parmi eux, Lourd-Bison Sauvage, le plus âgé de la tribu, arbore ses rides et son regard vif en gros plan serré. Son visage buriné, impassible, démontre combien l’instant est dramatique. Il leur faut décider du sort de leur prisonnière. Et l’homme blanc n’est pas loin. Devront-ils l’échanger contre le retour de leur droit ancestral à chasser dans la Grande Plaine ? La donneront-ils en épouse au fils de Lourd-Bison qui l’a vaillamment capturée ? Ou la sacrifieront-ils au dieu de la Montagne Sacrée ?
Retour dans le Tipi des femmes, la belle et sauvage Anita est ficelée comme un boudin au poteau central de la tente. Elle gigote et se déhanche avec l’énergie sensuelle du désespoir (sensuelle peut-être, mais un peu cruche, quand même, faut bien avouer …). Zoom sur son regard de bête traquée, élargissement du champ sur le beau visage apeuré …
STOP, COUPEZ !
Et comment elle a fait pour se remaquiller, cette conne ? …
A VOUS !
J’ajouterais qu’au siècle des Lumières, au vu des quantités indécentes de nourriture ingurgitées à chaque repas, il était délicat de se prosterner sans faire profiter aux courtisans situés derrière de ses perturbations proctologiques.
Cachou, c’est mon héroïne.
Fais gaffe à la dépendance, quand même … D’ailleurs ça me fait penser qu’il faut que je file en cuisine, moi.
Pour en finir avec les incidents proctologiques :
Dans un film « survival » que j’ai vu il y a peu, la seule chose qui m’est restée en mémoire, c’est un décarpillage éclair : la fille, vêtue d’un tee-shirt et d’une culotte blanche, est pourchassée dans un entrepôt par un psychopathe. Or, au cours de la poursuite, sa culotte blanche devient noire. Elle a dû aller se changer sans que je la voie (les caméras sont interdites dans les vestiaires). ou alors elle a eu tellement peur qu’elle a repeint son sous-vêtement avec son repas du midi.
Du coup on va penser que les castors ne s’intéressent qu’aux culottes. Je ne dirai plus rien.
Tu peux aller lire la dernière chronique cinoche chez Albert ; « Revenge » me semble avoir à peu près les mêmes potentiels 🙁
Mais au moins, ça nous permet de rigoler !!
Tous très drôles, ces courts métrages cachouesques. Allez, fondu au noir (ça changera de la Savoyarde !), je pense réactiver la rubrique « Ecran de fumée » que je tenais sur feu-le wizzz. Chut !… c’est pour bientôt. Pour vous faire patienter, et en avant-première, je vous offre sur mon site deux petites boulettes angevines et cinématographiques récoltées au Festival 1ers Plans d’Angers. Vous allez vous en pourlécher, petit(e)s gourmand(e)s que vous êtes !
Plan resserré sur des mains sur un clavier…
Puis zoom sur un écran d’ordinateur…
Musique de fond clavecin :
Le texte
– Bon bah … j’ai cherché…
– Cherché quoi ?
– Bah… Une idée…
– C’est pas la peine!
– Pas la peine de quoi ?
– De chercher, tu ne trouveras pas …
– Ah, bon et pourquoi donc ?
– Pour trouver faut savoir ce qu’on cherche…
– Ben je le sais, je te l’ai dit nom d’un chien ! UNE IDÉE !!!
– Mais tu n’as même pas idée de l’idée que tu cherches !
– Si ! C’est un chacal qui voudrait prendre un taxi … Hélas une marquise lui brûle la politesse et s’engouffre dans le véhicule…
– Mais c’est complètement con !
– Mais non attends la suite …
À peine le taxi arrive-t-il au premier carrefour qu’il explose !
– Mais cela n’a aucun sens!
– Ce que tu peux être bourgeois ! Si encore j’avais fait entrer le chacal dans un tipi, je n’dis pas, mais là, ça se tient ! C’est nouvelle vague non ?
– Non.
Burlesque !! ++++
Ça me fait penser au film que j’ai vu hier au soir : « Paris pieds nus ». Complètement déjanté, clownesque, mais si poétique aussi, j’ai beaucoup ri. Mais pas que !
Et puis, toi au moins, tu n’as pas besoin de « couper » pour casser le mythe 😉
L’héroïne se sépare du héros. Zoom sur les regards mouillés, « je t’ai aimée pour toute ma vie » blabla. L’héroïne déprime à mort, se saoule, une copine sympa décide de la sortir de là, l’invite à une soirée où se trouve un super pote à elle, d’enfance. Elle craque pour le pote, qui tombe raide dingue. Hormis quelques moyens empêchements, (l’ex petite copine du beau-rencontré-à-la-soirée, un quiproquo au téléphone, une grève des transports juste avant LE rendez-vous, celui où après deux mois de flirtouille à peine poussée il décide de la demander en mariage) bref, quelques menus inconvénients plus tard, ils s’épousent, elle enrobée de nuages floconneux, lui en pingouin gommeux, tout le monde exulte.
STOP.
Quelle demeurée, même dévouée, serait assez conne pour se traîner un adonis dans son sillage depuis vingt ans et en faire cadeau à sa meilleure amie ?
Quel gugusse pousserait l’inconscience jusqu’à demander en mariage une louloute inconnue deux mois et demi plus tôt, surtout qu’à LA soirée, celle de LA rencontre, elle est déjà ivre morte à 21 h 30 ? Et gerbe dans sa voiture à lui quand il la raccompagne ?
Je n’ose imaginer le produit du croisement ; ou alors, ils vont l’appeler Nabila. Nan mais allo, quoi.
J’ai bien compté. Pas sous le contrôle d’un huissier de justice, mais devant témoins quand même, je te prie donc de me croire sur parole : voici le 1.000ème commentaire de l’Espricerie !!! Et pas n’importe lequel, et en plus il tombe chez moi, tu penses si j’en suis fière ….
Comme quoi les histoires d’amour ne finissent pas toujours mal, en généraaaaâl !
Elle pose son auguste postérieur sur son fauteuil à roulettes, elle appuie sur le bouton « on » et réveille son ordinateur qui roupille depuis quelques jour.
Le petit spot au dessus de l’écran est allumé pour éclairer la scène… recul, prise d’images éloignée.
Elle navigue sur les différentes pages de ses boutiques virtuelles préférées, elle admire, elle lit, elle commente.
Elle ouvre une page : des petits textes, un jeu…
Elle réfléchit (oui !) puis approche ses doigts du clavier – gros plan sur les mains qui s’immobilisent
Elle respire, cherche l’inspiration…
STOP ! COUPEZ !
P… qu’est-ce qu’elle va bien pouvoir raconter ?
C’est pas de la fiction, ça, madame !! C’est du documentaire :-)))))
Lucky Max est encerclé. Dans le bureau open space où il est venu dérober les documents qui signeront la fin de l’escroquerie de la Firme et sa ruine, les agents de sécurité sont positionnés aux quatre coins de la salle. Caché derrière un bureau, il lui faut s’approcher de l’unique porte de sortie, et pour cela, rester toujours protégé derrière un meuble. Le prochain est à 4 mètres. Quatre mètres à découvert. Il s’arc-boute, bande ses muscles, prend une inspiration et fonce. Une pluie de balles crépite autour de lui. Les agents vident leurs armes automatiques dans sa direction. Ce qui permet à Lucky Max de les repérer. Et à son tour, il tire dans leur direction. Chacune de ses balles fait mouche. Mais il ne lui reste plus que cinq balles et ils sont six. Par chance, l’un des agents, mortellement blessé, dans un dernier geste vengeur, tire une dernière rafale et élimine un collègue, le dernier de la liste.
COUPEZ ! Décidément trop fort ce Max !
Il est un peu Mad, Max ! (Oui, je sais,un peu facile ! « Peut mieux faire)
C’est pour ça qu’il est bankable, le mec !!!
Et puis quand on s’appelle « Lucky », hein ? … Trop fastoche (comme le dit Antoine !)
La déléguée syndicale monte quatre à quatre les marches de l’escalier monumental qui mène au bureau du PDG; Elle glisse sur le marbre, manque se casser la gueule, rattrape son escarpin au vol et se rechausse sans perdre son élan.
– Zoom et travelling latéral sur ses petits pieds agiles.
Elle ne frappe pas à la porte de chêne, elle entre et bouscule le DRH et le Conseiller en Communication, se plante face à la silhouette à contre-jour qui tourne ostensiblement le dos à ses subalternes pour contempler au-delà de l’immense baie vitrée le large panorama de Paris qui se déploie à ses pieds.
– Zoom arrière et plan panoramique sur la ville.
– Contre-champ – Gros plan sur le visage effronté de la déléguée et son regard rempli de colère !
STOP COUPEZ !
Non mais vous rigolez ! Elle craque tellement qu’il est beau le PDG, même distant, vu de dos et à contre-jour!
Ah non, ça c’est un fantasme de patron, Antoine. Une vraie fiction, quoi !!!
Dans tous les « bons » polars et films d’action, le justicier redresseur de torts se bat presque non stop pendant les deux tiers du film, tombe dans des guet-apens, prend des raclées mémorables, se fait assommer vingt fois de suite et se relève, au bout de quelques secondes maximum, continue les poursuites et la castagne…
Dites nous tout, c’est un robot non ?
Ouiiiii !!! C’est un truc que je me dis souvent aussi : perso, une seule des baffes que le super justicier reçoit sans broncher (ou presque) me collerait une ITT de 8 jours !!!!! :-)))
Ah ah ah…😅
Si on ne peut plus rêver, tu es dure ! 😉