Et puis il y avait cette porte.
On feignait de l’ignorer mais en passant à proximité, on lui adressait un regard furtif. Le regard jeté par la porte entrebâillée sur les cadeaux au pied du sapin ; le coup d’œil du polisson quand sa cousine fait pipi ; l’œil qui traîne sur la copie du voisin parce que j’ai fait l’impasse sur la carte administrative de l’Allemagne ; le regard par-dessus l’épaule de la grand-mère, mais qu’est-ce qu’elle peut bien écrire et à qui, elle ne connaît plus personne. Il y avait sa couleur, brune, un marron teinté de rouge, rouge sang avait dit un jour Simone, ce qui avait fait frémir Charlotte. Simone n’aimait rien tant que dire des choses comme ça, en mettant de l’intensité dans son regard, les yeux légèrement écarquillés en regardant fixement Charlotte. Effet immédiat, Charlotte frémissait et se rapprochait de Vincent qui n’attendait que ça. Elle avait pourtant la même couleur que la porte du fond, celle de la petite, mais on savait que cette dernière était légère pour l’avoir souvent ouverte et fermée et qu’en plus elle ne grinçait pas. Quand on repassait devant, au deuxième passage, c’était pour scruter la serrure. Aucune chance de voir à travers d’aussi loin évidemment, ça n’empêchait pourtant pas les stratagèmes. Un lacet qu’il fallait resserrer d’urgence pile devant la porte ; une liasse de papiers qui lui glissait des mains, attends, je vais t’aider, mais non, laisse donc. Pile devant la porte. Cette porte n’était pas destinée à être ouverte de ce côté-ci puisque nous ne l’avions jamais vue ouverte ni a fortiori refermée ; c’est donc qu’elle ne pouvait l’être que de l’autre côté. Plus que de savoir ce qu’il y avait derrière, il s’agissait d’éliminer les moins improbables parmi toutes sortes de suppositions. La poignée fournissait quelques pistes. Une poignée à empoigner d’une main ferme et déterminée, une pogne, certes pas la poignée de porcelaine de la porte des jumelles qu’on ne pouvait manœuvrer que du bout de trois doigts tellement elle était délicate et qui, ce faisant, faisait penser au visage étonné de la poupée sur le sofa distingué dans la dernière pièce. Celui qui possédait la main ferme et déterminée ne pouvait être qu’un homme grand et musclé, pas commode. Comme elle était en plus ouvragée, finement ciselée, certains avaient déduit que la main ferme et déterminée pouvait très bien appartenir à une femme, peut-être pas grande ni musclée, mais pas commode. Or, il n’y avait pas parmi nous ce genre d’individu. Même Bastien, physiquement le plus en avance pour son âge n’était pas convaincant. Quant aux filles, aucune ne pouvait prétendre incarner la femme pas commode. Elles étaient bien difficiles à vivre parfois, mais pas commode en permanence, jamais. Un jour que nous étions tous réunis, Simone avait affirmé avoir essayé sans succès d’ouvrir la porte. Nous ricanions à une nouvelle rodomontade de sa part quand elle avait ajouté, sans succès non parce que la poignée était trop difficile à manœuvrer mais parce que la porte était fermée à clé. Nous accusions le coup de cette information et Vincent affirma dans le silence glacé avoir, lui, regardé par le trou de la serrure en essayant de voir dans les coins. Charlotte frémit à l’idée qu’elle avait pu si souvent se réfugier auprès d’un fou. C’est ce que nous pensions aussi et qu’avec Simone, ils faisaient la paire. Nous assistions à la destruction en règle du tabou de la porte et par notre absence totale de réaction nous en étions maintenant complices. Abdiquant toute volonté, nos yeux supplièrent ensuite Vincent de nous dire ce qu’il avait vu. Deux escaliers, un qui monte, un qui descend.
Toujours les mêmes qui profitent. On peut avoir le 06 de la cousine ? Elle doit être grande, maintenant.
Un escalier qui descend est un escalier qui monte en sens inverse et réciproquement.
Mais oui, elle doit être grande, peut-être grand-mère même… Oublions…
Il fallait bien cet orage pour amplifier encore le crescendo dramatique. Et puis cet escalier qui monte et cet autre qui descend, il y a de quoi enflammer davantage les esprits fiévreux.
Entre la découverte d’une porte mystérieuse et porteuse de fantasmes et l’orage qui éclate je n’ai pas trouvé ici non plus ce qui est révélé au chapitre 4. Mais cette écriture qui nous même par le bout du mot…
Un petit côté « chambre interdite à la Barbe Bleue », l’au-delà de cette porte, non ?
Sans jeu de mots ou presque, voilà une situation qui pourrait s’avérer lourde de conséquences. A moins d’un miracle, bien sûr.
A part l’attente, rien n’est plus beau que l’interdit ! Une porte fermée est en fait une porte ouverte sur tous les possibles ….
Alors que, bon, l’escalier de la cave et celui du grenier, il faut bien avouer que ça perd tout de suite en capital fantasmes !
Qui peut dire qu’il n’y a pas de choses enfouies, oubliées, secrètes dans nos caves et nos greniers ?
Je vois que d’aucuns ont pensé au conte …
Allégorie du baron de Retz, « Gilles de Rais »
Bizarre ça… Je viens de passer 2 semaines à Les Moutiers-en-Retz… Aurais-je reçu des ondes inspirantes ?
Tiens, revoilà Simone !
Sinon … Nooon ! La chambre interdite de BARBE BLEUE 😳
Un escalier qui monte, un qui descend ; le ciel et les ténèbres peut être ?
Ton histoire nous porte tabou
Tabou, totem…ni l’un ni l’autre, peut-être? Autre chose à inventer, du nouveau…?
Du nouveau avec de l’ancien sans doute, puisque le jamais vu n’existe pas…on attend la suite!
Brrr… Barbe Bleue sévirait-il encore ?
Bon, on en sait guère plus, mais quand même, on aperçoit une pensée, un souvenir enfantin commun…
Tiens, Simone est revenue !
Avec Vincent dans son sillage bien entendu.