Photos JOZ
Le jour se lève. Dans le lointain, un chien hurle, à moins que le loup… Il aurait été aperçu il y a peu non loin d’ici dans les bois, près du château. Je marche et je prends conscience que je ne sais pas trop ce que je fais ici… Un rêve sans doute… Oui je rêve. Pourtant le froid me pénètre jusqu’aux os. la sensation est bien réelle !
Là, des vers me reviennent en mémoire :
« Le sol trempé se gerce aux froidures premières, La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs, Et met, au bord des toits et des chaumes branlants,
Des coussinets de laine irisés de lumières. Émile Verhaeren
Je m’engage sur un large chemin verglacé. J’avance à travers bois sur la route glissante. En lisière, je parviens près d’un château. Pas âme qui vive.
Serais-je sur le fief de Flotard de Turenne dit « le Marquis d’AYNAC » ? ou celui du seigneur d’Entragues Robert de Balsac à MONTAL ? Peu m’importe.
La froidure m’engourdit et me voilà plongé en plein roman de RENART lorsque ce dernier emmène Ysengrin à la pêche aux anguilles … C’est sans doute le hurlement de ce dernier que j’ai entendu tout à l’heure, la queue emprisonnée dans la glace…
Le champ brille blanc et froid.
Le ciel est solitaire et immense.
Des choucas tournent au-dessus de l’étang
Et des chasseurs descendent de la forêt,
Un mutisme habite les cimes noires des arbres.
Le reflet d’un feu s’échappe des cabanes.
Parfois très loin sonne un traîneau
Et lentement monte la lune grise.
Un gibier saigne doucement sur le talus
Et des corbeaux pataugent dans des rigoles sanglantes
Le roseau frémit jaune et haut.
Gel, fumée, un pas dans le bois vide.
Georg Trakl
Point n’est besoin de chercher les trésors ailleurs que sous nos yeux !
Le givre
Mon dieu ! Comme ils sont beaux Les tremblants animaux
Que le givre a fait naître La nuit sur ma fenêtre !
Ils broutent des fougères Dans un bois plein d’étoiles,
Il y a un chevreuil Qui me connaît déjà.
Il soulève pour moi Son front d’entre les feuilles.
Et l’on voit la lumière À travers leurs corps pâles.
Et quand il me regarde, Ses grands yeux sont si doux
Que je sens mon cœur battre Et trembler mes genoux.
Laissez-moi, ô décembre, Ce chevreuil merveilleux.
Je resterai sans feu Dans ma petite chambre.
Maurice Carême
LA NUIT TOMBE ENFIN … ET JE SORS DE MON RÊVE…
Belles balades qui me font penser aussi à celles que je fais en Auvergne en hiver.
Ce n’est pas le Lot de tout le monde de pouvoir se faire des petites virées comme celle-là.
Heuuuu ! Voilà ! Il fallait que je la sorte, celle-là!
Superbe! merci…
Qu’est-ce que c’est beau tout ça ! J’attends le givre, on a le froid (enfin, le frais) mais pas un flocon… Que fait l’hiver en Bretagne ?
Notre madeleine de Proust… toute une enfance sur les bancs de bois avec trousse et plumier bien alignés…
Ouais, Carême et Verhaeren, c’était dans les anciens livres de lecture.
Superbes photos, celle du château est priceless♥. J’adore.
Notre madeleine de Proust… toute une enfance sur les bancs de bois avec trousse et plumier bien alignés…
Effectivement Gilbert, on se retrouve sur ce sujet glacial et beau, toi en grand avec des paysages et des détails du Lot, moi en petits avec les choux verts de mon jardin… « Des trésors sous nos yeux ».
Merci pour cette belle balade mise en poème et autres mots, c’est magnifique et plein de sérénité.
Jolie promenade que j’ai faite, grâce à toi, bien au chaud !! 😉
Belles photos avec une mention spéciale pour les arabesques sculptées par le diable dans la glace. Par contre, les photos côte à côte, la « jaune » puis la « rouge », m’intriguent. De quoi s’agit-il ?
Et puis … Maurice Carême, Emile Verhaeren, ça sent si bon l’école de notre enfance !
Un reste de salamandre morte et une souche de bois !
La souche de bois, haha. Jolie contrepèterie.
😉
Belles photos hivernales, le gel dessine toujours des choses magiques. De beaux ciels au début et à la fin, les aubes et couchers de soleils sont merveilleux l’hiver.
En dépit d’un sujet glacé, que du bien aux yeux et du chaud à l’âme en cette période qui manque singulièrement de chaleur ! Très bel ensemble de mots et d’images.