Vous avez lu le titre ? Vous avez lu l’article !
Mais oui, c’est merveilleux !
Grâce à l’invention de la langue de polyuréthane, qui est à la rhétorique ce que la langue de bois est à la sincérité, nous pouvons maintenant nous exprimer d’une manière supérieurement poétique.
A la manière d’Antoine de Saint-Exupéry dessinant une caisse contenant le mouton que le Petit Prince veut qu’il lui dessine, je peux, moi, avec très peu d’investissement écrire votre article (le vôtre, pour vous tout seul !) si vous me demandez d’écrire un article.
Qu’est-ce que la langue de polyuréthane ?
Le polyuréthane se trouve au rayon bricolage. C’est une pâte molle qui a la propriété de gonfler gonfler gonfler au contact de l’air. Ça donne une espèce de mousse qui durcit rapidement, c’est une mousse expansive. Un peu comme l’artichaut de Coluche, ce plat du pauvre qui en a plus dans son assiette après avoir mangé qu’avant.
Eh bien là, c’est la même chose. Avec la langue de polyuréthane, on fait du bricolage de langue, on devient bricoleur de langage.
« Mais où est la poésie, Sage ? » me direz-vous. (je vous entends, Catherine, Joëlle, Colette, Anne). Là, elle est là.
Quand je dis « Après », c’est donc que j’ai déjà dit quelque chose. Et ce qui va suivre va venir soit en complément, soit en contradiction. Suspens !
Et voilà que « Voilà » arrive. Comme une évidence, une présentation tranquille. Et tout le monde se rend devant l’évidence ; on reste coi. Allez, un petit calembour au passage : quoi. « Voilà quoi ? »
Sans attendre, la réponse arrive : « C’est compliqué ». Alors là, vous vous dites que je ne peux pas en dire plus et que vraiment, j’ai un gros problème et qu’est-ce que vous faites ? Vous compatissez et vous n’insistez pas. Même, vous gambergez et vous n’osez pas demander plus de précision.
Et mine de rien, je vous ai permis d’imaginer toutes sortes de choses.
Ces trois petites expressions, on les retrouve de plus en plus dans la bouche des bricoleurs de langage. Si vous avez une belle-sœur (si vous n’avez qu’un beauf, ce n’est pas grave, ça marche quand même), amusez-vous à compter le nombre de Après, de Voilà, de C’est compliqué quand elle vous raconte sa vie. Si vous avez une nièce, vous pouvez aussi compter les Du coup et les Pour le coup. Mais il n’y a pas QUE chez elles qu’on peut compter. Compliqué est le dernier mot à la mode, employé comme un échappatoire.
Comment conclure ? Après… Voilà… C’est compliqué…
Il y a aussi le fameux « en fait… » que d’aucuns, de tous milieux nous servent à chaque phrase, quand ce n’est pas plusieurs fois par phrase.
Sinon, c’est une bonne idée la méthode St Ex pour mon prochain article :
« Il était une fois … (l’histoire que tu veux est derrière les points de suspension.)
Excellent. Je n’ai que des beaufs, effectivement ça marche très bien, mieux qu’avec mes nièces.
Le mec qui a écrit « le livre des darons sacrés » maniait très bien la langue Devaux.
Vous aurez remarqué qu’il n’y a pas de rayon Bricolage à L’Espricerie.
Tu viens de l’ouvrir on dirait… enfin… voilà quoi, j’me comprends…
Il y a eu aussi « Quelque part », mais c’était il y a longtemps si bien qu’on ne sait plus très bien où ça pouvait nous mener.
Mais on a du y arriver, c’est certain, puisqu’on n’en parle plus !
C’est bien la force du langage quand on y pense, et c’est tout dire !
Moi j’y mettrais un bémol à ton propos parce que quand même il faut bien apporter la contradiction pour faire progresser le débat .
Alors c’est compliqué,c’est vrai, mais voilà ! Après on peut quand même penser le contraire !
C’est ça la liberté de pensée ! On est quand même dans le pays de Voltaire ! Que je chasse !!! Non ?
Mais voilà, après, du coup quand c’est vraiment compliqué… qu’est-ce qu’il faut dire ???
Ah oui, tu as raison, c’est là que ça devient vraiment compliqué ! 😄 je m’étais fait la réflexion aussi.
Et les histoires compliquées, ma pôv dame, c’est pas ça qui manque par les temps qui courent, comme qui dirait…
BRAVO !!!!!!!!!!!!!!!!! J’applaudis, si, si, j’applaudis à tout rompre ….
Ah, mais quel article, Monsieur Sage … Quel virtuose du mot et de l’aiguillon ! Puisque j’ai, quant à moi, apparemment le droit de me lâcher, je peux te dire que j’entends très distinctement ton « hé hé » railleur ponctuer ta diatribe.
Le pire c’est que (« hé hé ») tout cela est très très bien vu ! Vous reprendrez bien quelques applaudissements ? …
J’en suis coite, quoi que…
Que je te comprends, Claude ! Reste la couette sous laquelle on peut encore se réfugier pour échapper aux couacs de ce langage totalitaire pré-contraint
J’avais pensé aussi à la couette, cher Mekilef, mais je n’avais pas osé… 😉
IL FAUT OSER !-)
Marrant, en voyant ta photo et mon toutou je trouve que vous faites la paire, pensif s tous les deux !
Tu as l’art de faire des compliments !
HAHA !! 😂
Petit problème avec les genres ?
D’abord il n’y a pas que les femmes qui saupoudrent leurs propos de « quoi » et de « qu’est-ce (caisses ?), comme tu sembles le suggérer… hé hé…
Et puis, il ne t’aura pas échappé que « échappatoire » est un mot… féminin !! Ha ha ha et LOL !!
Hop, ça, c’est fait ! 😉
Relecture et Correction… Je me suis un peu mélangé les béquilles…
Mais si j’étais méchant, je dirais qu’effectivement, « échappatoire » est un mot féminin et certainement pas masculin. Mais je ne suis pas méchant. Juste caustique.
Tellement vrai ! Bon il y a plusieurs messages ici-bas, dans cette page non polymérisée !
Tu veux écrire des articles pour des personnes qui ne savent pas « dessiner de mouton », c’est ça ? Excellente idée salvatrice pour les lecteurs !
Et au passage, tu nous divertis avec les parasites langagiers qui polluent l’air du temps ? Habile…
Je passe l’info… 😉